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Kirkouk: les Arabes craignent un coup de force kurde


Mardi 30 juin 2009 à 09h39

KIRKOUK (Irak), 30 juin 2009 (AFP) — Les Arabes et Turcomans de la ville pétrolière de Kirkouk, dans le nord de l'Irak, craignent un coup de force des Kurdes après le départ des GI's mardi et voudraient bien que les Américains réduisent le poids des Kurdes dans les services de sécurité.

"Les Arabes de Kirkouk craignent que les services de sécurité de la province travaillant pour des partis politiques ne prennent le contrôle de la ville après le retrait des forces américaines", confie à l'AFP Mohammed Khalil al-Joubouri, chef du "Bloc arabe" à Kirkouk.

Il fait allusion aux 8.000 "asaysh" (forces de sécurité) liés aux deux grands partis traditionnels kurdes, qui accaparent le pouvoir dans certains quartiers de cette ville de 550.000 habitants.

"Même si aujourd'hui la situation est stable du point de vue de la sécurité, il n'y a pas de participation équitable (des communautés) en la matière et cela nous fait peur", ajoute-t-il.

"C'est pourquoi nous voulons que les forces américaines, avant de partir, réduisent le poids de ces forces (kurdes) ou qu'elles répartissent de manière égalitaire les tâches de sécurité", souligne-t-il.

Kirkouk est un concentré des défis et problèmes irakiens. Riche en pétrole, la province de quelque 900.000 habitants compte plusieurs communautés qui se disputent le pouvoir: les Kurdes, qui souhaitent son rattachement au Kurdistan irakien, les Turcomans, qui se considèrent comme ses habitants historiques, les Assyro-chaldéens (chrétiens) ou des Arabes, souvent arrivés à l'occasion de la politique d'arabisation forcée de Saddam Hussein

Cette peur s'est amplifiée avec l'adoption récente par le Parlement d'Erbil de la Constitution kurde qui annexe purement et simplement la province de Kirkouk à la région autonome kurde.

Pour sa part, la conseillère provinciale turcomane Turkan Shoukour Ayoub, demande "au gouvernement irakien de renforcer l'armée à Kirkouk après le départ des Américains car la police est faible et manque d'équipements". "Nous espérons qu'il va nous écouter et envoyer des troupes supplémentaires", dit-elle.

Selon les services de sécurité, il y a 11.500 policiers à Kirkouk, dont 35% d'Arabes, 35% de Kurdes, 28% de Turcomans, le reste étant des chrétiens.

L'armée compte 12.000 hommes déployés dans la province, principalement en dehors de la ville pour le moment, selon un responsable militaire irakien.

Le conseiller provincial kurde Ahmad al-Askari ne partage bien sûr pas les craintes des Arabes et des Turcomans. "La police de Kirkouk, composée d'Arabes, de Kurdes, de Turcomans et de chrétiens, est capable d'assurer la sécurité comme elle le fait actuellement", a-t-il dit. "D'ailleurs il y a des dizaines d'officiers arabes dans la police de Kirkouk".

Un autre conseiller kurde, Azad Jbari estime que "les membres d'Asaysh doivent être impliqués dans la sécurité de Kirkouk car ils sont compétents et savent combattre le terrorisme".

Face à ces profondes divisions communautaires et ethniques qui avaient empêché la tenue des élections provinciales en janvier, les militaires américains et irakiens se veulent rassurants.

"Nous sommes fin prêts et en cas de besoin nous pourrons demander le soutien des forces américaines", assure le général Abdel Amir Reza al-Zaidi, qui commande l'armée irakienne à Kirkouk.

Le colonel américain Ryan Gonsalves, commandant le 2ème brigade de combats de la 1ère division de cavalerie en charge de Kirkouk, se félicite lui du niveau des forces irakiennes. "Nous sommes satisfaits du courage et de l'amélioration de la qualité des forces irakiennes durant ces cinq derniers mois".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.