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Kirkouk: l'ONU veut convaincre de la nécessité d'un report du référendum


Lundi 17 decembre 2007 à 10h01

BAGDAD, 17 déc 2007 (AFP) — L'ONU en Irak s'est attaquée à l'épineux problème de Kirkouk, où Kurdes, Arabes et Turcomans sont divisés sur le statut de cette zone riche en pétrole revendiquée par la région autonome du Kurdistan, en proposant de repousser un référendum prévu avant la fin de l'année.

Dans un communiqué, au langage qualifié de "cryptique" par un diplomate à Bagdad, la mission d'assistance pour l'Irak (UNAMI) a fait état récemment d'un accord entre les principaux responsables irakiens et kurdes pour repousser de six mois l'éventualité d'une consultation sur le statut de Kirkouk.

Ce communiqué évoque "la nécessité d'un délai technique", et salue "l'accord général" reçu des autorités irakiennes et kurdes.

La constitution irakienne, dans son article 140, a stipulé qu'un référendum devait avoir lieu avant le 31 décembre 2007 pour décider si cette région riche en pétrole devait passer sous l'autorité du gouvernement du Kurdistan irakien autonome.

Mais rien n'est prêt, et les tensions ethniques à Kirkouk, que les Kurdes considèrent comme leur, sont telles que le Premier ministre du Kurdistan irakien Nachirvan Barzani a décrit la ville comme une "bombe à retardement".

Kirkouk et sa province sont habités de kurdes, d'Arabes et de Turcomans, dans des proportions mal connues. Une politique d'arabisation de Saddam Hussein a forcé à l'exil des dizaines de milliers de kurdes, et a installé à leur place des populations venues d'autres régions de l'Irak.

Aujourd'hui, le retour des communautés chassées et le départ des familles alors installées créent une situation dangereusement volatile.

"Il a été indiqué à l'ONU que la prochaine étape la plus appropriée est de de démarrer en janvier 2008 et pour six mois un processus de facilitation de la mise en oeuvre de l'article 140", indique le communiqué de l'ONU.

"En clair, a commenté pour l'AFP un diplomate qui a suivi les tractations de l'ONU et ne souhaite pas être cité, les responsables irakiens et surtout kurdes ont accepté l'idée de repousser de six mois la tenue du référendum".

Les six mois de délai seront mis à profit pour instaurer, sous le contrôle de l'ONU, dans la région de Kirkouk, et ailleurs dans le pays, des mécanismes de réimplantation des populations, déplacées dans le cadre de la manipulation des frontières provinciales de l'ancien régime.

Aucun responsable irakien ou kurde n'a fait de commentaire public sur le report du referendum, sujet hautement sensible.

Les Kurdes notamment ont fait de la tenue d'une consultation une condition claire de leur soutien aux gouvernements dominés par les chiites, en place depuis la promulgation de la constitution en 2005.

"Si rien ne se fait d'ici la fin de l'année --et rien ne se fera--, nous envisageons toute une série de scénarios catastrophe: le retrait du soutien kurde au gouvernement de Nouri al-Maliki; un +fait accompli+ kurde à Kirkouk, suivi de tensions avec les arabes et les turcomans, des manifestations kurdes à Kirkouk", a commenté un autre diplomate, toujours sous couvert de l'anonymat.

"L'ONU a voulu arrêter la montre", a-t-il souligné en évoquant les efforts déployés pour éviter que la tension ne conduise à une crise ouverte.

Selon plusieurs sources internationales, le représentant du secrétaire général de l'ONU en Irak, Staffan de Mistura, est allé présenter l'option du report accompagné de négociations aux autorités irakiennes et kurdes.

"Il leur a dit +il y a une formule pour résoudre le problème de l'article 140 : lançons un processus sérieux pour mettre en oeuvre cet article dans six mois, avec l'aide de l'ONU. Et prenons en compte les problèmes, pour trouver des solutions+".

M. de Mistoura n'a pu être joint pour confirmer ces entretiens, mais son bureau ne les a pas démentis. Il doit se rendre lundi à Erbil, pour rencontrer des parlementaires kurdes, ont indiqué ses services sans donner plus de détail.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.