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Journaliste accusé d'espionnage par Ankara : "aberrant" selon Berlin


Vendredi 3 mars 2017 à 21h31

Berlin, 3 mars 2017 (AFP) — Berlin a jugé vendredi "aberrantes" les accusations d'espionnage formulées par le président turc Recep Tayyip Erdogan à l'encontre d'un journaliste germano-turc incarcéré en Turquie, qualifié de séparatiste kurde et d'"agent allemand".

"C'est aberrant", a indiqué dans un communiqué lapidaire diffusé dans la soirée le ministère allemand des Affaires étrangères.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait auparavant présenté dans un discours Deniz Yücel, le correspondant en Turquie du journal allemand Die Welt incarcéré mardi pour "propagande terroriste", de "représentant du PKK" -le Parti des travailleurs du Kurdistan, une organisation classée "terroriste" par Ankara-, et d'"agent allemand".

Il avait également accusé l'Allemagne de tolérer des rassemblements de séparatistes kurdes et déclaré que les autorités allemandes "devraient être jugées car elles aident et hébergent des terroristes".

Des déclarations au vitriol intervenues après que les autorités allemandes ont annulé trois meetings prévus en Allemagne, où devaient intervenir deux ministres turcs, en soutien à une réforme constitutionnelle visant à renforcer les pouvoirs de M. Erdogan, qui doit être soumise à un référendum le 16 avril.

"Ils empêchent mon ministre de la Justice de parler, mon ministre de l'Economie de parler. Je devais moi aussi m'exprimer par visioconférence", a grondé M. Erdogan.

Les tensions germano-turques se sont multipliées depuis le putsch manqué ayant visé le régime turc en juillet 2016 et à la suite de l'annulation de ces meetings, Ankara a multiplié les déclarations acrimonieuses contre Berlin, où le gouvernement se défend de toute implication dans des décisions prises par les autorités locales.

La chancelière Angela Merkel, qui avait critiqué l'arrestation de M. Yücel, a dit vendredi qu'il était "approprié de notre part de critiquer les atteintes à la liberté de la presse" en Turquie.

Recep Tayyip Erdogan est accusé par ses détracteurs de dérive autoritaire, notamment depuis le putsch avorté de juillet, suivi de l'arrestation de plus de 43.000 personnes, dont de nombreux journalistes critiques.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.