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Jihadistes: l'Allemagne et le Danemark rapatrient de Syrie des femmes et enfants


Jeudi 7 octobre 2021 à 11h18

Berlin, 7 oct 2021 (AFP) — L'Allemagne a rapatrié du nord de la Syrie huit femmes, qui avaient rallié le groupe jihadiste Etat islamique (EI), et 23 enfants dans la plus importante opération de ce type menée par Berlin depuis 2019, a annoncé le ministère des Affaires étrangères.

Au cours de la même opération, menée avec le soutien logistique de l'armée américaine, le Danemark a fait sortir de Syrie trois femmes et 14 enfants, selon un communiqué de la diplomatie allemande publié dans la nuit de mercredi à jeudi et qui parle de "tour de force".

"Les enfants ne sont pas responsables de leur situation (...). Les mères devront répondre de leurs actes devant la justice pénale. Un grand nombre d'entre elles ont été placées en détention après leur arrivée en Allemagne", a indiqué le ministre des Affaires étrangères Heiko Maas dans ce communiqué.

De fait, le parquet fédéral, compétent notamment en matière de terrorisme, a annoncé jeudi matin l'arrestation de trois de ces Allemandes à leur descente d'avion à Francfort, "fortement soupçonnées d'appartenance à une organisation terroriste à l'étranger".

L'une d'elles, présentée comme Romiena S., est également soupçonnée de complicité de crimes contre l'humanité en lien avec les exactions commises contre la minorité yazidie par l'EI, selon le communiqué du parquet de Karlsruhe.

"Je suis heureux que nous ayons pu ramener en Allemagne, ce soir, 23 autres enfants allemands et huit mères", a souligné le chef de la diplomatie précisant qu'il s'agit de personnes, et notamment d'enfants, identifiées "comme ayant particulièrement besoin de protection".

"Il s'agit essentiellement d'enfants malades ou ayant un tuteur en Allemagne, ainsi que de leurs frères et soeurs et de leurs mères", selon le ministère.

Ils étaient détenus dans le camp de Roj (Nord-Est de la Syrie), sous contrôle kurde.

Selon le quotidien Bild, des représentants du ministère allemand des Affaires étrangères et de la police criminelle ont atterri mercredi matin dans le Nord de la Syrie à bord d'un avion de l'armée américaine. L'avion est ensuite reparti avec les femmes et les enfants pour le Koweit d'où le groupe a pris un vol vers Francfort arrivé dans la soirée.

- Casse-tête du rapatriement -

Depuis la chute en mars 2019 du "califat"de l'EI, la communauté internationale est confrontée au casse-tête du rapatriement des familles des jihadistes capturés ou tués en Syrie et en Irak. La plupart des pays de l'Union européenne effectuent des rapatriements au cas par cas.

Dans sa dernière opération de rapatriement, menée en décembre 2020 conjointement avec la Finlande, l'Allemagne avait ramené de Syrie cinq femmes et dix-huit enfants.

Les Allemandes rapatriées sont âgées de 30 à 38 ans et originaires de plusieurs régions du pays, selon le magazine Der Spiegel.

Le parquet fédéral décrit Romiena S. l'une des femmes arrêtées, comme ayant rejoint la Syrie en décembre 2014 avec sa fille, contre la volonté de son père. Auparavant elle avait déjà organisé le recrutement et le départ en Syrie d'une adolescente de 16 ans.

Une fois en Syrie, elle a épousé "au moins six membres de l'EI les uns après les autres", selon le parquet, précisant qu'elle montrait à son enfant des vidéos d'exécutions de l'organisation djihadiste.

A la fin 2016, à Raqqa, fief de l'EI en Syrie, elle a aussi "vraisemblablement" employé pour des taches ménagères une membre de la minorité irakienne yazidie, réduite à l'état d'esclave.

Une autre jeune femme, Verena M., est partie pour l'Irak en juillet 2015, avec son fils, avant de rejoindre la Syrie en novembre 2016. Selon Der Spiegel, elle a été formée au maniement des armes par l'EI et probablement active plus tard au sein de la police des moeurs de l'organisation.

Selon Bild, il reste encore environ 70 adultes ayant la nationalité allemande dans des camps sous contrôle kurde dans le Nord de la Syrie, ainsi qu'autour de 150 enfants de nationaux allemands.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.