
Dimanche 9 novembre 2008 à 09h10
JERUSALEM, 9 nov 2008 (AFP) — La police israélienne a expulsé dimanche à l'aube à Jérusalem-est la famille al-Kurd, des réfugiés devenus le symbole du combat palestinien contre la colonisation israélienne dans la partie orientale de la Ville sainte.
Mi-juillet, la Cour suprême israélienne avait tranché en faveur de colons israéliens qui exigeaient l'expulsion de chez elle de cette famille, occupante des lieux depuis 52 ans.
L'application de cette décision intervient à deux jours d'élections municipales israéliennes lors desquelles les Palestiniens de Jérusalem devraient largement s'abstenir.
Ce scrutin aura lieu y compris dans la partie orientale de Jérusalem. Les deux principaux candidats à la mairie, Meïr Porush (ultra-orthodoxe) et Nir Barkat, un homme d'affaires laïc, se sont prononcés pour l'accélération de la colonisation à Jérusalem-est.
De très importantes forces de police participaient dimanche à l'opération et encerclaient la maison de la famille, dans le quartier de Cheikh Jarrah, à Jérusalem-est, annexée par Israël. L'accès aux environs de la maison était bloqué, sauf pour les fidèles religieux juifs se rendant sur la tombe d'une figure vénérée du judaïsme, Shimon Hatzadik (Simon le Juste), pour y prier.
Selon International Solidarity Movement, une organisation pro-palestinienne, huit militants étrangers qui protestaient contre l'expulsion ont été interpellés.
Interrogé par l'AFP, un porte-parole de la police n'a pas été en mesure de fournir des précisions à ce stade.
Arrivé sur place, Hatem Abdelkader, conseiller spécial du Premier ministre palestinien Salam Fayyad, a dénoncé l'expulsion.
"A quatre heures du matin, les forces israéliennes ont investi la maison des al-Kurd et expulsé la famille de force pour remettre les clés à des colons", a affirmé à l'AFP M. Abdelkader.
"Cette décision a été prise en dépit d'un appel en cours devant la Cour suprême, ce qui prouve bien que le problème n'est pas juridique mais politique. Il s'agit d'expulser les Palestiniens de Cheikh Jarrah, c'est une escalade avant les municipales", a ajouté ce responsable.
Au nom de l'Autorité palestinienne, le gouverneur de Jérusalem Adnan el-Husseini a estimé que les Israéliens n'avaient "pas seulement colonisé la terre, mais une maison dans laquelle vivait une famille dont le père est gravement malade".
"Il n'y a pas dans le monde racisme aussi flagrant que celui auquel nous assistons aujourd'hui", a-t-il poursuivi.
Réfugiée dans la partie orientale de Jérusalem après la création d'Israël en 1948, les al-Kurd, à l'image d'autres familles, avaient emménagé huit ans plus tard dans leur maison fournie par l'Unrwa, l'Agence de l'ONU pour les réfugiés.
Après la guerre de 1967, qui a vu la conquête de Jérusalem-est par l'Etat hébreu, des organismes juifs étaient parvenus à faire enregistrer à leur nom près de trois hectares de terres à Cheikh Jarrah, sur la base d'un document ottoman datant de la fin du XIXe siècle. Ce document a été présenté comme un faux par la famille al-Kurd.
L'affaire avait rebondi il y a une dizaine d'années lorsqu'une association de colons, "Nachlat Shimon", avait racheté les "titres de propriété" et installé dix familles juives dans le quartier, où se trouve la tombe de Shimon Hatzadik.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.