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"Je suis Alévi": le candidat de l'opposition turque brise un tabou


Jeudi 20 avril 2023 à 11h41

Ankara, 20 avr 2023 (AFP) — Le candidat de l'alliance de l'opposition turque à la présidentielle, Kemal Kiliçdaroglu, a pour la première fois évoqué publiquement son appartenance à la minorité alévie, bousculant un tabou majeur en Turquie.

"Je pense qu'il est temps d'évoquer avec vous un sujet très particulier, très sensible. (...) Je suis Alévi, je suis un musulman sincère", a-t-il affirmé dans une vidéo diffusée mercredi soir sur Twitter.

Les Alévis, qui ne respectent pas certaines règles et rites de l'islam, ont été victimes de discriminations et de massacres par le passé en Turquie, et restent considérés comme des hérétiques par certains sunnites rigoristes.

M. Kiliçdaroglu, qui pourrait devenir le premier président turc alévi, promet s'il est élu en mai de mettre fin aux discriminations et aux "disputes confessionnelles qui ont fait souffrir" la Turquie, pays majoritairement musulman mais constitutionnellement laïque.

Avant sa candidature, des observateurs affirmaient que M. Kiliçdaroglu, né dans la région historiquement rebelle de Dersim (rebaptisée Tunceli, dans l'Est), à majorité kurde et alévie, peinerait à convaincre les électeurs sunnites conservateurs.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait dans le passé visé cette minorité, reprochant à ses membres d'être "dominants" parmi les juges en Turquie et d'inventer "une nouvelle religion".

Au cours de l'actuelle campagne, M. Erdogan n'a pas ouvertement attaqué son opposant, chef du Parti républicain du peuple (CHP), sur son identité religieuse.

"Si on te menace implicitement à cause de ton identité, ne t'inquiète pas. Nous ne laisserons personne être marginalisé dans ce pays. Nous serons à tes côtés comme nous le sommes pour toutes les victimes", avait affirmé M. Erdogan en juin 2022 en s'adressant à M. Kiliçdaroglu.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.