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Jaafari contesté dans son propre camp


Samedi 1 avril 2006 à 15h25

BAGDAD, 1 avr 2006 (AFP) — La contestation du Premier ministre irakien sortant, le chiite Ibrahim Jaafari, jusqu'ici limitée aux sunnites et aux Kurdes, a touché samedi son propre camp où des voix se sont élevées pour lui demander de renoncer à sa candidature pour diriger le prochain gouvernement.

"J'ai demandé à M. Jaafari de prendre une décision courageuse et responsable pour préserver l'unité du peuple et de renoncer à sa candidature en raison des résistances d'autres groupes politiques", a déclaré à la presse Qassem Daoud, un indépendant au sein de l'Alliance unifiée irakienne (AUI).

"Il y a un courant qui se développe au sein de différents groupes de l'Alliance unifiée irakienne dont les membres pensent que M. Jaafari doit renoncer à sa candidature", a affirmé M. Daoud.

Un responsable du parti Dawa de M. Jaafari a exclu de voir le Premier ministre retirer sa candidature. "C'est le candidat de l'Alliance et il le restera", a déclaré Khodeir al-Khozaï.

Il n'en reste pas moins que c'est la première fois que M. Jaafari, contesté par des sunnites et par des Kurdes, est appelé, dans son propre camp, à renoncer à sa candidature pour faciliter la formation d'un gouvernement, en gestation depuis plus de trois mois.

Une nouvelle réunion est programmée samedi sur cette question sur fond de différend entre chiites et sunnites sur qui doit gérer le dossier important de la sécurité pour tenter de juguler les violences quotidiennes.

Les chiites insistent pour que ce dossier soit du ressort du Premier ministre tandis que les sunnites veulent le confier à un vice-Premier ministre qui doit être désigné parmi eux.

M. Jaafari avait été désigné candidat à sa propre succession par les membres de son bloc parlementaire avec une voix de différence. Il n'a cessé depuis de répéter qu'il était prêt à y renoncer "si le peuple le lui demande".

Avec 128 députés, son bloc est le plus important au Parlement de 275 sièges élu le 15 décembre, ce qui lui donne, selon la Constitution, le droit de désigner un candidat au poste de Premier ministre.

Différents groupes forment l'alliance, dont la mouvance du chef radical chiite Moqtada Sadr, qui soutient fermement M. Jaafari.

La gestion du dossier sécuritaire est critiquée par l'armée américaine, dont l'un des hauts gradés a demandé samedi aux autorités irakiennes d'adopter une position claire sur les milices.

"Quand vous êtes en train de mettre sur place un gouvernement, vous n'avez pas besoin en plus de groupes paramilitaires", a dit à la presse ce haut gradé, sans utiliser le terme de milices.

"Le gouvernement doit avoir une politique claire sur cette question", a-t-il ajouté, sous couvert de l'anonymat. "Il est nécessaire qu'ils (les Irakiens) nous disent comment ils entendent traiter avec ces groupes paramilitaires".

La violence a fait deux blessés samedi à Bagdad, des civils touchés par une bombe artisanale. Trois rebelles armés ont été abattus par des soldats irakiens au nord de la capitale, tandis qu'à Bassorah, dans le sud du pays, l'armée britannique a annoncé avoir arrêté 14 hommes qualifiés d'auteurs de violences.

Par ailleurs, le procureur général du Haut tribunal pénal irakien a annoncé la fin de l'instruction sur la responsabilité du président déchu Saddam Hussein dans la campagne anti-kurde d'Anfal, ayant fait plus de 100.000 morts entre 1987 et 1988.

"L'instruction a été bouclée. Ils nous faut deux jours pour examiner le dossier avant de le transmettre au tribunal", a indiqué à l'AFP Jaafar al-Moussaoui, ajoutant que de nouveaux documents officiels, impliquant Saddam Hussein dans le massacre de villageois chiites, seront présentés au tribunal.

Le président déchu, dont le procès doit reprendre le 5 avril, est jugé depuis octobre avec sept coaccusés pour le massacre de 148 habitants de Doujail, au nord de Bagdad, tués après une attaque manquée en 1982 contre son convoi.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.