Page Précédente

Istanbul à nouveau frappé par un attentat suicide, au moins un policier tué


Mardi 11 septembre 2012 à 13h15

ISTANBUL, 11 sept 2012 (AFP) — La mégalopole turque d'Istanbul a été à nouveau frappée mardi par un attentat suicide encore non revendiqué qui a tué au moins un policier et fait plusieurs blessés graves, en pleine recrudescence des combats entre l'armée turque et les rebelles séparatistes kurdes.

Selon le chef de la police d'Istanbul Hüseyin Capkin, un kamikaze, "un homme de 25 ans", a fait exploser peu après 11h00 (8h00 GMT) la charge qu'il portait après avoir lancé des grenades sur des policiers en faction devant le commissariat du quartier populaire de Sultangazi, un bastion des organisations séparatistes kurdes et d'extrême gauche.

Un policier qui se trouvait à l'entrée du complexe, situé à la périphérie de la rive européenne de la première ville de Turquie, a été tué et quatre autres policiers et trois civils blessés, a précisé M. Capkin aux journalistes rassemblés sur les lieux de l'attaque.

Sollicité par la presse, il s'est toutefois refusé à immédiatement incriminer les séparatistes kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

"J'étais assis là, à l'intérieur de mon magasin, quand il y a eu une explosion très violente. Le commissariat est juste en face, une grande fumée en est sortie", a raconté à l'AFP Zafer Aldogan, un voisin commerçant, "des morceaux de corps ont été projetés jusqu'à nous".

"Je suis rentrée dans le jardin du commissariat mais un policier m'a fait ressortir en disant +il y a encore un kamikaze avec une bombe qui n'a pas explosé+", a témoigné une autre voisine du commissariat, Meral Yildiz. "J'ai regardé et il était là, couché, il n'avait plus de jambes (...) c'était un homme de 30 à 35 ans au crâne rasé".

Cette attaque n'a pas immédiatement été revendiquée. Mais elle intervient dans un contexte d'intensification des combats depuis le début de l'été entre les forces de sécurité et les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le sud-est du pays, peuplé en majorité de Kurdes.

Signe de cette recrudescence, la vaste offensive lancée la semaine dernière par plusieurs milliers de soldats turcs, épaulés par des avions de combat F16, dans des zones montagneuses de la province de Sirnak, riveraine de l'Irak, et les bombardements de l'aviation d'Ankara qui ont frappé ces derniers jours des positions kurdes sur le territoire irakien.

L'état-major turc a affirmé lundi que 25 rebelles kurdes avaient été tués dans ces attaques aériennes, alors qu'un bilan de sources militaires turques évoquée par la chaîne NTV a chiffré à au moins 461, dont 88 soldats turcs, le nombre de personnes tuées depuis le début de l'année dans ces combats.

Ces dernières années, le PKK a souvent eu recours à des attentats suicide dans les métropoles turques.

Le dernier en date a dévasté fin août un poste de police de Gaziantep (sud-est), coûtant la vie à dix personnes, dont des enfants. Les autorités ont blâmé le PKK mais celui-ci a rejeté toute responsabilité.

En mai dernier, un policier a été tué et deux rebelles membres du PKK avaient été tué dans un attentat visant un commissariat de la ville de Kayseri, dans le centre de la Turquie. Et en octobre 2011, un autre attentat suicide mené par une femme avait visé à Bingol (est) le siège du parti du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, le Parti pour la justice et le développement (AKP).

Istanbul avait elle-même été touchée par cette violence en novembre 2010, lorsqu'un kamikaze s'était fait exploser au milieu de la place Taksim, en plein coeur de la ville, blessant 32 personnes.

Des responsables turcs ont récemment pointé du doigt le rôle de la Syrie dans les opérations du PKK, estimant que le régime syrien de Bachar al-Assad fournissait une aide aux séparatistes kurdes en représailles de l'assistance que Damas accuse la Turquie de donner aux opposants armés en Syrie.

Le PKK, classé comme un mouvement terroriste par la Turquie, a ouvert les hostilités en 1984 dans le sud-est de la Turquie, déclenchant un conflit qui a fait jusqu'ici 45.000 morts.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.