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Islamistes et Kurdes s'affrontent dans le nord de la Syrie


Lundi 30 novembre 2015 à 16h57

Beyrouth, 30 nov 2015 (AFP) — Des combats meurtriers opposent depuis plusieurs jours des groupes islamistes à une alliance arabo-kurde appuyée par les Américains dans le nord de la Syrie, illustrant la complexité d'un conflit de plus en plus éclaté entre de multiples acteurs.

Au moins 23 combattants et 13 civils ont péri dans ces affrontements, a affirmé lundi l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Selon l'ONG, 15 combattants du Front Al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaïda, ont été tués dimanche dans des affrontements qui ont débuté la semaine dernière dans le nord d'Alep, ancienne capitale économique de Syrie.

Les combats ont également fait au moins huit morts du côté des Forces démocratiques syriennes (FDS), une coalition formée principalement par les Unités de protection du peuple kurde (YPG) et des combattants arabes.

En toile de fond de ces combats figure l'opposition entre la Turquie voisine et les forces kurdes.

Ces dernières accusent Ankara de soutenir militairement et financièrement les islamistes. De son côté, la Turquie a averti à plusieurs reprises qu'elle ne permettrait pas l'établissement d'une région kurde autonome à sa frontière.

Il existe par ailleurs une tension récurrente entre les forces kurdes et les éléments les plus radicaux de la rébellion contre le président Bachar al-Assad.

La minorité kurde n'a jamais rejoint cette rébellion mais les YPG ont joué une rôle de premier plan dans la lutte contre les jihadistes du groupe Etat islamique (EI), notamment en les chassant de la ville de Kobané il y a un an après plusieurs mois de combats.

- Négociations à Homs -

Dans le centre du pays, des négociations doivent se dérouler mardi à Homs entre des représentants du régime et de la rébellion pour le départ des insurgés du dernier quartier qu'ils contrôlent dans la ville, a annoncé lundi le gouverneur, Talal Barazi.

"La réunion aura lieu dans mon bureau en présence du coordinateur humanitaire de l'ONU Yacoub Helou et d'une délégation de Waer", a-t-précisé.

Environ 75.000 personnes vivent encore actuellement dans ce quartier contre 300.000 avant le début du conflit en mars 2011, selon M. Barazi.

En mai 2014, la vieille ville de Homs, surnommée par les rebelles "capitale de la révolution", était tombée aux mains de l'armée après un siège asphyxiant de deux ans.

En vertu d'un accord supervisé par l'ONU, les rebelles avaient quitté la ville, mais ce quartier périphérique est resté assiégé par le régime qui le bombarde régulièrement.

Déclenché en 2011 après la répression sanglante de manifestations réclamant des réformes, le conflit en Syrie n'a cessé de se complexifier avec une multiplication des acteurs sur un territoire de plus en plus morcelé.

Il s'est aussi internationalisé avec l'entrée en action des grandes puissances, en particulier les Etats-Unis et la Russie.

Entamée il y a juste deux mois, le 30 septembre, la campagne de frappes russes a fait 1.502 morts, dont près d'un tiers de civils, a indiqué lundi l'OSDH.

Ces raids ont tué 419 éléments de l'EI, et plus de 598 combattants d'Al-Nosra, branche locale d'Al-Qaïda, et d'autres groupes rebelles, a précisé l'OSDH, qui a aussi recensé 485 victimes civiles.

Les Occidentaux et des opposants accusent Moscou de concentrer ses bombardements sur des groupes rebelles, dont ceux qualifiés de "modérés", et non sur l'EI, ce que dément la Russie.

L'un des pays arabes présents dans la coalition menée par les Etats-Unis, les Emirats arabes unis, a annoncé lundi être prêts à participer à une force terrestre pour combattre le groupe EI en Syrie.

Tout en reconnaissant que toute intervention militaire "complique la situation", le ministre aux Affaires étrangères Anwar Gargash a indiqué que son pays, membre de la coalition internationale conduite par Washington, était "prêt à participer à tout effort international nécessitant une intervention terrestre".

Les Emirats ont été parmi les premiers pays en septembre 2014 à s'engager dans la campagne aérienne contre l'EI.

"Les pays de la région doivent supporter une part du fardeau. Et il n'y a pas lieu d'avoir une intervention étrangère comme celle des Américains pour libérer le Koweït" en 1991, a ajouté le ministre émirati.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.