Vendredi 4 novembre 2022 à 12h56
Paris, 4 nov 2022 (AFP) — Les forces de sécurité iraniennes ont arrêté une journaliste auteure d'une interview avec le père de Mahsa Amini, dont la mort en septembre a déclenché des manifestations et un grand mouvement de contestation anti-régime, a affirmé vendredi une ONG.
D'après l'organisation de défense des droits humains Hengaw basée en Norvège, Nazila Maroufian, une journaliste basée à Téhéran et originaire comme Mahsa Amini de Saghez, dans la province iranienne du Kurdistan, a été arrêtée dimanche.
Elle a été interpellée dans la maison de proches et transférée à la prison d'Evine de la capitale iranienne, affirme l'ONG en citant un appel téléphonique passé à sa famille.
La journaliste, qui travaille pour le site d'information Ruydad 24, avait publié un entretien avec Amjad, le père de Mahsa Amini, le 19 octobre sur le site en ligne Mostaghel.
"Je n'ai pas l'intention de me suicider et ne suis atteinte d'aucune maladie sous-jacente", a-t-elle commenté en postant un lien vers son article, allusion directe aux risques qu'elle savait avoir pris en publiant l'interview.
Le site Mostaghel a depuis retiré le texte mais une version cachée témoigne du fait que le père nie les explications des autorités iraniennes selon lesquelles sa fille souffrait de problèmes de santé. Le titre de l'article est sans équivoque: "Le père de Mahsa Amini: +ils mentent !+".
L'Iran est secoué depuis près de deux mois par des manifestations déclenchées par la mort le 16 septembre de la jeune femme. Elle avait été arrêtée par la police des moeurs pour non-respect du code vestimentaire très stricte que la République islamique impose aux femmes.
Les manifestations, qualifiées d'émeutes par les autorités iraniennes, sont sans précédent en Iran par leur ampleur et leur nature depuis la Révolution islamique de 1979.
Les deux journalistes qui ont contribué à rendre publique l'affaire sont détenues à Evine.
Niloufar Hamedi, 30 ans, du journal Shargh, s'était rendue dans l'hôpital où Mahsa Amini se trouvait dans le coma avant de décéder. Elle a été arrêtée le 20 septembre, selon sa famille.
Elaheh Mohammadi, 35 ans, reporter pour le quotidien Ham Mihan, s'était pour sa part rendue à Saghez pour couvrir les funérailles de la jeune femme, où avait aussi eu lieu l'une des premières manifestations de ce grand mouvement de contestation. La journaliste a été arrêtée le 29 septembre.
Selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), basé à New York, 54 d'entre eux ont été arrêtés dans la vague de répression des manifestations. Une dizaine d'entre eux seulement ont été libérés sous caution depuis.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.