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Iran: un gouverneur issu d'une minorité nommé dans une province aux velléités séparatistes


Mercredi 30 octobre 2024 à 10h40

Téhéran, 30 oct 2024 (AFP) — Le gouvernement iranien a nommé mercredi le tout premier gouverneur issu de la minorité baloutche au Sistan-Baloutchistan, une région frontalière du sud-est de l'Iran régulièrement frappée par des attentats sur fond de revendications séparatistes.

Le Sistan-Baloutchistan, qui partage une longue frontière poreuse avec le Pakistan et l'Afghanistan, est l'une des parties les plus pauvres d'Iran.

Elle abrite une importante population de la minorité ethnique baloutche, qui pratique l'islam sunnite en contraste avec la branche chiite prédominante en Iran.

Des affrontements récurrents ont lieu dans cette région entre les forces de sécurité iraniennes, des rebelles de la minorité baloutche, des groupes sunnites radicaux, ainsi que des trafiquants de drogue.

Mansour Bijar, 50 ans, a été désigné gouverneur du Sistan-Baloutchistan, a déclaré mercredi la porte-parole du gouvernement, Fatemeh Mohajerani.

Cette nomination intervient après une nouvelle attaque meurtrière vendredi dans cette province, qui a coûté la vie à dix policiers.

Elle a été revendiquée par le groupe jihadiste sunnite Jaish al-Adl ("Armée de la Justice" en arabe), considéré comme "organisation terroriste" par l'Iran ainsi que par les Etats-Unis.

Mansour Bijar est le troisième gouverneur issu d'une minorité ethnique nommé ces dernières semaines en Iran.

Lors de sa campagne au printemps, le président Massoud Pezeshkian avait promis d'accroître la représentation des femmes, des jeunes et des minorités ethniques et religieuses, en particulier des sunnites, au sein du gouvernement.

La semaine dernière, le gouvernement a ainsi promu le premier gouverneur arabophone de la riche province pétrolière du Khouzestan (sud-ouest), frontalière de l'Irak et qui compte une importante minorité arabe chiite.

En septembre, un membre de la minorité kurde avait été désigné gouverneur de la province du Kurdistan, dans l'ouest du pays.

Cette nomination était la première à un tel poste de responsabilité en quatre décennies pour un Iranien sunnite et issu d'une minorité ethnique.

Les sunnites représentent environ 10% de la population de l'Iran, où le chiisme est la religion d'Etat.

Ils ont rarement accédé aux postes-clés au sein du pouvoir depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.