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Iran: six semaines de colère après la mort de Mahsa Amini


Jeudi 27 octobre 2022 à 14h18

Paris, 27 oct 2022 (AFP) — Voici les principaux événements depuis la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, une jeune femme arrêtée à Téhéran par la police des moeurs, qui a déclenché des manifestations sévèrement réprimées en Iran.

L'ONG Iran Human Rights (IHR) basée à Oslo fait état d'au moins 141 morts, dont des mineurs. Plus de mille personnes ont été inculpées, dont certaines risquent la peine capitale, selon les autorités.

- Dans le coma -

Le 15 septembre, des défenseurs des droits humains rapportent qu'une Iranienne de 22 ans est dans le coma après son arrestation le 13 à Téhéran par la police des moeurs pour non-respect du code vestimentaire strict pour les femmes en République islamique d'Iran, prévoyant notamment le port du voile en public.

Selon la police, elle a été "prise subitement d'un problème cardiaque".

Le président iranien Ebrahim Raïssi demande une enquête.

Mahsa Amini décède le 16 à l'hôpital. Des militants assurent qu'elle a reçu un coup mortel à la tête.

La police assure, elle, qu'il n'y a "pas eu de contact physique". La télévision d'Etat diffuse des extraits d'une vidéo filmée au commissariat pour appuyer cette version. Le père de la victime dira que la vidéo a été "coupée" et que sa fille a "été transférée tardivement à l'hôpital".

- Manifestations -

Mahsa Amini est inhumée le 17 dans sa ville natale de Saghez (province du Kurdistan). Une manifestation est dispersée à coups de gaz lacrymogène.

De nombreuses personnalités expriment leur colère sur les réseaux sociaux.

De nouvelles manifestations ont lieu les jours suivants, notamment à Téhéran et à Machhad.

Le 20, un parlementaire iranien, dans une prise de position inhabituelle, critique la police des moeurs, jugeant qu'elle cause "des dommages au pays".

- Instagram et WhatsApp bloqués -

Les manifestations s'étendent à une quinzaine de villes. Des images sur les réseaux sociaux montrent des femmes mettant le feu à leur foulard.

Le 22, les autorités bloquent Instagram et WhatsApp, applications les plus utilisées en Iran.

Les Etats-Unis annoncent des sanctions économiques visant la police des moeurs et plusieurs responsables de la sécurité, suivis par le Canada, le Royaume-Uni et l'Union européenne.

- Contre-manifestations -

A l'appel des autorités, des milliers de personnes défilent le 23, défendant le port du voile.

Le 25, le président Raïssi appelle les forces de l'ordre à agir "fermement" contre les manifestants. Le chef du pouvoir judiciaire menace de ne faire preuve d'"aucune indulgence".

Le 26, les autorités indiquent avoir interpellé plus de 1.200 '"émeutiers". L'ONU appelle Téhéran à "la plus grande retenue".

Le 28, la famille de Mahsa Amini porte plainte contre les "auteurs de son arrestation".

- Khamenei accuse l'Amérique -

De violents incidents éclatent le 2 octobre à Téhéran entre étudiants et forces de sécurité dans l'université de technologie Sharif.

La semaine suivante des adolescentes manifestent en retirant leur voile et en criant des slogans hostiles au régime.

Le guide suprême Ali Khamenei accuse les Etats-Unis, Israël et leurs "agents" d'avoir fomenté la contestation.

- Amini morte de maladie, selon les autorités -

La mort de Mahsa Amini est liée à une maladie du cerveau et n'a pas été causée par des coups, selon un rapport médical publié le 7 par la République islamique. Sa famille rejettera le rapport et appellera "au réexamen de la cause du décès".

Le 8, un groupe soutenant la contestation pirate une chaîne de la télévision d'Etat, affichant un message hostile à Ali Khamenei.

- Grèves -

Le 10, la contestation s'étend au secteur pétrolier, avec des grèves et des rassemblements dans plusieurs villes.

Le 12, des avocats rejoignent le mouvement, reprenant le slogan des manifestants "Femme, vie, liberté", à Téhéran.

Des commerçants, ouvriers et enseignants suivront.

- Incendie et affrontements en prison -

Dans la nuit du 15 au 16, au terme d'une nouvelle mobilisation, un incendie et des affrontements éclatent dans la prison d'Evine à Téhéran, faisant officiellement huit morts. Cet établissement à la sinistre réputation détient notamment des prisonniers politiques et des étrangers.

Le 19, une championne iranienne d'escalade, Elaz Rekabi, est accueillie en héroïne par un foule de partisans à son retour en Iran après avoir participé sans voile à une compétition en Corée du Sud, même si elle assure que ce n'était pas intentionnel.

- Répression à la fin du deuil -

Les "émeutes" connaissent leurs "derniers jours", affirme le 22 un responsable du ministère de l'Intérieur.

Le 26, les forces de sécurité ouvrent le feu, selon l'ONG Hengaw basée en Norvège, sur des manifestants rassemblés dans la ville d'origine de Mahsa Amini, où des milliers de personnes avaient assisté à une cérémonie d'hommage à la fin du deuil traditionnel de 40 jours.

Le 27, les forces de sécurité ouvrent le feu tuant un jeune homme au cours d'une manifestation à Mahabad (ouest) selon Hengaw.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.