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Iran: près de trois mois de colère après la mort de Mahsa Amini


Dimanche 4 decembre 2022 à 13h10

Paris, 4 déc 2022 (AFP) — Les principaux événements depuis la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, une jeune femme arrêtée à Téhéran par la police des moeurs, qui a déclenché des manifestations quasi quotidiennes sévèrement réprimées en Iran.

Selon le dernier bilan de l'ONG Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo, au moins 448 personnes, dont 60 âgées de moins de 18 ans et 29 femmes, ont été tuées à travers le pays par les forces de sécurité lors de la répression des manifestations.

Ce chiffre comprend au moins 128 personnes tuées depuis le 30 septembre dans la province du Sistan-Baloutchistan (sud-est), limitrophe du Pakistan, après des manifestations non liées au mouvement de contestation déclenché par le décès de Mahsa Amini, même si elles ont nourri la colère contre le pouvoir à travers le pays.

Les Gardiens de la Révolution ont de leur coté fait état de la mort de plus 300 personnes. Le Conseil suprême de la sécurité nationale, la plus haute autorité sécuritaire, a déclaré samedi que "plus de 200 personnes" incluant civils et forces de sécurité avaient été tuées.

- Morte à cause du voile -

Le 16 septembre, Mahsa Amini, 22 ans, décède à l'hôpital après un coma. Elle avait été arrêtée trois jours auparavant par la police des moeurs qui lui reprochait d'avoir enfreint le code vestimentaire de la République islamique, imposant notamment aux femmes le port du voile en public.

- Manifestations -

Mahsa Amini est inhumée le lendemain dans sa ville natale de Saghez (province du Kurdistan). Une manifestation est dispersée à coups de gaz lacrymogène.

De nombreuses personnalités expriment leur colère sur les réseaux sociaux. Un parlementaire iranien, dans une prise de position inhabituelle, critique la police des moeurs.

Les manifestations s'étendent à une quinzaine de villes.

Des images sur les réseaux sociaux montrent des femmes mettant le feu à leur foulard.

- Instagram et WhatsApp bloqués -

Le 22 septembre, les autorités bloquent Instagram et WhatsApp, les applications les plus utilisées en Iran.

Les Etats-Unis annoncent des sanctions économiques visant la police des moeurs et plusieurs responsables de la sécurité, suivis par le Canada, le Royaume-Uni et l'Union européenne. D'autres sanctions suivront.

- Contre-manifestations -

A l'appel des autorités, des milliers de personnes défilent le 23 septembre, défendant le port du voile.

Le président Ebrahim Raïssi appelle deux jours plus tard les forces de l'ordre à agir "fermement" contre les manifestants.

Le 28 septembre, la famille de Mahsa Amini porte plainte contre les "auteurs de son arrestation".

- Khamenei accuse l'Amérique -

De violents incidents éclatent le 2 octobre à Téhéran entre étudiants et forces de sécurité dans l'université de technologie Sharif.

La semaine suivante, des adolescentes manifestent en retirant leur voile et en criant des slogans hostiles au régime.

Le guide suprême Ali Khamenei accuse les Etats-Unis, Israël et leurs "agents" d'avoir fomenté la contestation.

- Grèves -

Le 10 octobre, la contestation s'étend au secteur pétrolier, avec des grèves et des rassemblements dans plusieurs villes.

Des avocats rejoignent le mouvement, reprenant le slogan des manifestants "Femme, vie, liberté", à Téhéran, tout comme des commerçants, ouvriers, étudiants et enseignants.

- Répression à la fin du deuil -

Le 26 octobre, les forces de sécurité ouvrent le feu, selon l'ONG Hengaw basée en Norvège, sur des manifestants rassemblés dans la ville d'origine de Mahsa Amini, où des milliers de personnes avaient assisté à une cérémonie d'hommage à la fin du deuil traditionnel de 40 jours.

- Condamnation à mort -

Le 13 novembre, une première condamnation à mort est prononcée par un tribunal de Téhéran contre une personne accusée d'avoir participé aux "émeutes".

Le 21, les onze joueurs iraniens s'abstiennent de chanter leur hymne national avant leur premier match du Mondial-2022. Les joueurs reviendront sur leur position pour leurs deux autres matchs.

Le 24, l'ONU ouvre une enquête sur la répression.

- Dissolution de la police des moeurs -

Le 3 décembre, les autorités annoncent la révision de la loi de 1983 sur le port du voile obligatoire en Iran.

Dans la soirée, le procureur général Mohammad Jafar Montazeri annonce que "la police des moeurs (...) a été abolie par ceux qui l'ont créée".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.