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Iran: l'avocate Nasrin Sotoudeh arrêtée lors des funérailles d'une adolescente


Lundi 30 octobre 2023 à 08h35

Téhéran, 30 oct 2023 (AFP) — L'avocate iranienne et défenseure des droits humains Nasrin Sotoudeh a été arrêtée après avoir assisté dimanche à l'enterrement d'une jeune lycéenne morte dans des circonstances controversées, a annoncé lundi son mari à l'AFP.

"Mon épouse a été arrêtée lors des funérailles d'Armita Garawand avec de nombreux autres participants", a indiqué Reza Khandan, ajoutant que Me Sotoudeh avait été "violemment battue".

La jeune lycéenne âgée de 17 ans, originaire d'une région kurde, a été enterrée dans un cimetière du sud de Téhéran au lendemain de son décès dans un hôpital après environ un mois de coma à la suite d'un malaise dans le métro.

L'agence locale Fars a annoncé dimanche soir que l'avocate Nasrin Sotoudeh avait "été arrêtée et remise à l'autorité judiciaire" pour "ne pas avoir porté le voile" et "perturbé la sécurité mentale de la société".

Depuis la Révolution islamique de 1979, le port du voile est obligatoire pour les femmes, qui doivent dissimuler les cheveux dans les lieux publics.

Agée de 60 ans et lauréate en 2012 du prix Sakharov du Parlement européen qui récompense des défenseurs des droits humains, Mme Sotoudeh a été arrêtée à plusieurs reprises ces dernières années.

Elle avait été incarcérée en 2018 après avoir défendu une femme arrêtée pour avoir manifesté contre l'obligation du voile en Iran. En 2019, elle a été condamnée à 12 ans de prison "pour avoir encouragé la corruption et la débauche".

Les circonstances du malaise d'Armita Garawand sont controversées. Les autorités ont affirmé que l'adolescente avait été victime d'une "chute de tension" et ont nié toute "altercation verbale ou physique" entre elle "et des passagers ou des cadres du métro".

Mais, selon des ONG, la lycéenne a été grièvement blessée lors d'une "agression" de la part de membres de la police des moeurs, chargés de faire appliquer l'obligation pour les femmes de porter le voile en public.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.