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Iran: huit hommes condamnés pour vol risquent l'amputation


Vendredi 10 juin 2022 à 18h42

Paris, 10 juin 2022 (AFP) — Huit hommes condamnés pour vol en Iran risquent une amputation imminente des doigts en exécution de leur peine, affirment jeudi des organisations de défense des droits humains, exhortant la communauté internationale à intervenir.

Les huit hommes, actuellement détenus dans une prison de la périphérie de Téhéran, ont été convoqués mercredi en vue de leur transfert dans un autre établissement pour leur amputation, reportée pour des raisons inconnues, selon le centre Abdorrahman Boroumand (ABC), qui milite pour les droits humains en Iran, le Réseau pour les droits humains au Kurdistan (KHRN) et Amnesty International.

Dans un communiqué conjoint, l'ABC et le KHRN se disent "particulièrement inquiets par des informations crédibles selon lesquelles un appareil récemment installé dans une chambre de la clinique de la prison d'Evine à Téhéran a servi à exécuter au moins une amputation ces derniers jours".

Des militants des droits humains en Iran ont fait état de l'installation le mois dernier dans la clinique de cette prison d'une "guillotine" au moyen de laquelle l'administration pénitentiaire a "amputé de quatre doigts" un détenu transféré de la province de Kermanshah (ouest) pour l'exécution de sa peine, indique de son côté Amnesty International dans un communiqué.

En tant que signataire du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), l'Iran doit s'abstenir de toute "torture" ou "peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants" (article 7), tels que l'amputation, selon les organisations.

Amnesty International "appelle la communauté internationale à intervenir d'urgence pour arrêter l'exécution de ces peines" et à faire pression sur les autorités iraniennes "pour l'abolition de tout châtiment corporel".

L'organisation enjoint en outre "tous les Etats d'exercer la compétence juridique universelle partout où cela est possible pour enquêter sur les responsables iraniens, y compris les médecins, impliqués dans la décision, l'exécution ou la complicité d'actes de torture tels que les amputations, et s'il existe suffisamment de preuves, de lancer des mandats d'arrêt et des poursuites contre eux".

Le directeur exécutif de l'ABC, Roya Boroumand, cité dans le communiqué conjoint, appelle pour sa part la communauté internationale à "réagir d'urgence pour arrêter ces amputations mais aussi à faire rendre des comptes à l'Iran pour ne pas retirer les châtiments corporels de sa législation, en augmentant leur visibilité et leur coût politique".

L'ABC, basé à Washington, indique avoir recensé au moins 356 condamnations à des amputations depuis la Révolution islamique en 1979, mais souligne que le total est probablement bien plus élevé.

Les ONG affirment que plusieurs condamnés ont subi des tortures pour leur extorquer des aveux. Elles soulignent également la situation précaire de certains d'entre eux, qui selon elles les a poussés au vol, sur fond de crise économique et d'inflation galopante.

Le Code pénal iranien, fondé sur la charia, la loi islamique, prévoit l'amputation pour des crimes comme les vols avec récidive.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.