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Iran: des centaines de manifestants, six semaines après le "Vendredi sanglant"


Vendredi 11 novembre 2022 à 15h23

Paris, 11 nov 2022 (AFP) — Des centaines d'hommes en colère ont manifesté vendredi après la prière dans les rues de la province du Sistan-Baloutchistan, dans le sud-est de l'Iran, six semaines après la répression mortelle d'une manifestation.

"Mort à Khamenei", scandaient des hommes sortant des mosquées à Zahedan, le chef-lieu de la province, d'après une vidéo publiée par l'ONG Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo.

Des manifestations ont eu lieu aussi à Khash et des dizaines de policiers antiémeute ont été déployés face aux manifestants à Iranshahr, une autre ville du Sistan-Baloutchistan, selon des vidéos publiées en ligne et vérifiées par l'AFP.

Les forces de sécurité ont ensuite tiré des gaz lacrymogènes à Iranshahr pour disperser les manifestants, selon une vidéo publiée par le média en ligne 1500tasvir.

Le 30 septembre, les forces de l'ordre avaient tiré sur des manifestants rassemblés à Zahedan pour protester contre le viol d'une adolescente de 15 ans imputé à un policier.

Au moins 92 personnes avaient été tuées, selon IHR, lors de cette journée baptisée "Vendredi sanglant" par les défenseurs des droits humains.

Au total, selon cette ONG, au moins 304 personnes ont été tuées dans la répression des manifestations à travers l'Iran depuis la mort de Mahsa Amini le 16 septembre.

Cette Kurde iranienne de 22 ans était décédée trois jours après son arrestation à Téhéran par la police des moeurs qui lui reprochait d'avoir enfreint le code vestimentaire strict imposant aux femmes le port du voile en public.

Le mouvement, déclenché à la mi-septembre par la colère des femmes face à l'obligation de porter le voile, est maintenant dirigé contre le régime religieux, confronté à un défi sans précédent depuis la Révolution islamique de 1979.

Les violences avaient éclaté deux semaines plus tard au Sistan-Baloutchistan, une région déshéritée peuplée par la minorité baloutche, adhérant majoritairement à l'islam sunnite et non au chiisme dominant en Iran, et victime de discriminations, selon des militants et ONG.

Le 4 novembre, 18 personnes, dont deux enfants, ont été tuées à Khash, selon Amnesty International, dans la répression de "manifestations pacifiques d'ampleur".

"Le 4 novembre à Khash, les forces de sécurité ont immédiatement et exclusivement eu recours aux balles réelles pour disperser les manifestations", a déclaré l'ONG dans un communiqué publié jeudi.

L'organisation indique avoir documenté les noms d'au moins 100 manifestants tués par les forces de sécurité du Sistan-Baloutchistan depuis le 30 septembre, mais estime que le nombre réel est bien plus élevé.

Elle appelle la communauté internationale à "prendre des mesures urgentes pour mettre fin à de nouveaux meurtres de manifestants dans la province du Sistan-Baloutchistan et à travers le reste de l'Iran".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.