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Iran: décès de l'adolescente tombée dans le coma après un incident dans le métro


Samedi 28 octobre 2023 à 11h51

Téhéran, 28 oct 2023 (AFP) — Une jeune lycéenne iranienne, Armita Garawand, dont le sort a ému l'Iran après qu'elle soit tombée dans le coma dans des circonstances controversées dans le métro de Téhéran, est décédée samedi, selon les médias locaux.

"Armita Garawand, une élève résidant à Téhéran, est décédée après un traitement médical intensif et 28 jours d'hospitalisation dans l'unité de soins spéciaux", a annoncé l'agence Borna, affiliée au ministère de la Jeunesse et des Sports, en début de journée.

Agée de 17 ans (bien 17) et originaire d'une région kurde, l'adolescente était soignée à l'hôpital Fajr de Téhéran depuis le 1er octobre après s'être évanouie dans le métro de la capitale. Elle avait été déclarée en "état de mort cérébrale" il y a une semaine.

Les circonstances de son malaise sont controversées. Très partagée sur les réseaux sociaux, une vidéo des services de surveillance du métro a montré la jeune fille, qui ne portait pas de voile, être évacuée après s'être évanouie dans le wagon.

Cette affaire est intervenue alors que les autorités restent en alerte un peu plus d'un an après le décès en détention, le 16 septembre 2022, de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans arrêtée par la police des moeurs pour avoir prétendument enfreint les règles vestimentaires strictes imposées aux femmes en Iran. Cette mort avait déclenché un vaste mouvement de contestation dans le pays qui a fait plusieurs centaines de morts, dont des forces de l'ordre, et provoqué l'arrestation de milliers de personnes.

- Versions contradictoires -

Les autorités affirment qu'Armita Garawand a été victime d'une "chute de tension" et nient toute "altercation verbale ou physique" entre elle "et des passagers ou des cadres du métro".

Samedi, l'agence Tasnim a cité l'"avis officiel des médecins" selon lesquels la jeune fille avait "subi une chute entraînant une lésion cérébrale, suivie de convulsions continues, d'une diminution de l'oxygénation cérébrale et d'un oedème cérébral, après une chute soudaine de la tension artérielle".

Mais selon des ONG, la lycéenne a été grièvement blessée lors d'une "agression" de la part de membres de la police des moeurs, chargés de faire appliquer l'obligation pour les femmes iraniennes de porter le voile en public.

Le quotidien réformateur Ham Mihan a appelé les autorités à "permettre aux médias indépendants d'enquêter" sur cette affaire afin de "convaincre l'opinion publique".

Le député Ahmad Alirezabeigui a estimé mercredi que le Parlement "devait intervenir" et "questionner le ministre de l'Intérieur" sur l'incident, jugeant l'affaire "importante".

Pour sa part, le ministre de l'Intérieur Ahmad Vahidi a affirmé le 8 octobre que les autorités avaient "enquêté sur l'incident" et que "la situation était tout à fait claire". "Les ennemis ne veulent pas que le pays soit calme et ils tentent toujours de faire de chaque incident une controverse", a-t-il dénoncé.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.