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Iran: création d'un mouvement de défense des droits des Kurdes


Lundi 2 janvier 2006 à 14h26

TEHERAN, 2 jan 2006 (AFP) — Un ancien député kurde iranien a annoncé lundi la création d'un Front uni kurde pour défendre les droits de cette large minorité ethnique, "négligée" selon lui par la république islamique.

"Un grand nombre d'activistes et ONG kurdes proéminents se sont ralliés dans un front indépendant pour demander pacifiquement les droits niés aux Kurdes", a dit à la presse son fondateur, Bahaeddin Adab.

Plus de six millions de Kurdes, sur une population iranienne de 68,5 millions, habitent principalement quatre des provinces du nord-ouest, qui sont parmi les moins développées du pays.

M. Adab a insisté sur le fait que son mouvement n'avait pas d'objectif séparatiste, à la différence selon lui de nombreux partis d'opposition kurdes situés dans les Etats voisins d'Irak et de Turquie.

"Nous insistons pour travailler dans le cadre de la loi et en évitant la violence", a-t-il dit, en expliquant que la décision de créer le Front avait été accélérée à la suite de troubles entre les autorités et la population des deux provinces à population majoritairement kurde du Kurdistan et de l'Azerbaïdjan de l'ouest.

"Les Kurdes n'ont presque pas eu leur mot à dire sur les décisions les affectant et ils se sont vu nier leurs droits mentionnés par la constitution", a dit M. Adab.

Il a déploré les hausses du chômage et du taux de toxicomanie affligeant les provinces à population kurde, ainsi que les restrictions touchant selon lui la presse de langue kurde.

Plusieurs activistes et journalistes kurdes ont été arrêtés par les autorités ces dernières années. Un certain nombre ont été condamnés à de longues peines de prison à la suite de troubles survenus notamment en août

M. Adab a exprimé l'espoir que le régime autorisera l'enregistrement de son mouvement ou ne s'opposera pas à son activité.

"Vous ne pouvez pas conserver un pays uni avec des menaces. Si la liberté et l'égalité existent les mouvements séparatistes meurent", a-t-il dit.

Les partis politiques et ONG doivent être enregistrés s'ils veulent pouvoir faire de la publicité, tenir des réunions et admettre des membres.

Des défenseurs iraniens des droits de l'Homme, comme le prix Nobel Shirin Ebadi, accusent régulièrement le ministère de l'Intérieur de faire obstruction à l'enregistrement de telles organisations.

M. Adab avait été disqualifié par le Conseil des gardiens pour participer aux dernières élections législatives de 2004.

Les Kurdes avaient participé en masse aux élections présidentielles de 1997 et 2001, qui avaient vu la victoire du président réformiste Mohammad Khatami.

Mais selon M. Adab, "le gouvernement n'a pas fait assez pour satisfaire les demandes des Kurdes et ils ont montré leur insatisfaction en ne participant pas à la (récente) élection", de 2005, qui a vu l'arrivée au pouvoir de l'ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.