Page Précédente

Iran: au moins 15 morts dans l'attentat d'un important sanctuaire chiite revendiqué par l'EI


Mercredi 26 octobre 2022 à 22h11

Téhéran, 26 oct 2022 (AFP) — Au moins 15 personnes ont été tuées mercredi dans la ville méridionale de Chiraz lors d'un attentat perpétré dans le principal sanctuaire musulman chiite du sud de l'Iran et revendiqué par le groupe jihadiste Etat islamique (EI).

Le président Ebrahim Raïssi a accusé dans un communiqué "les ennemis de l'Iran" qui cherchent "à diviser les rangs unis de la nation (...) par la violence et la terreur, et promis une réponse sévère des forces de sécurité.

L'attaque, parmi les plus meurtrières de ces dernières années en Iran, a été perpétrée "pendant la prière du soir" dans le mausolée de Shahcheragh, a indiqué le gouverneur local, Mohammad-Hadi Imanieh, à la télévision d'Etat.

Selon lui, l'agresseur "a tiré aveuglément sur les fidèles", dans le sanctuaire le plus important du sud de l'Iran, qui abrite la tombe d'Ahmad, frère de l'une des figures les plus vénérées du chiisme, l'imam Réza mort en 818.

"Un seul terroriste était impliqué dans cette attaque", a déclaré le chef de l'Autorité judiciaire locale, Kazem Moussavi, à la télévision qui a fait état d'"au moins 15 morts et 19 blessés".

L'auteur, "affilié aux groupes takfiris, a été arrêté", a ajouté la télévision en référence aux groupes jihadistes ou islamistes radicaux sunnites.

La télévision a précisé que "les forces de sécurité avaient blessé l'assaillant" qui "subit actuellement une intervention chirurgicale à l'hôpital".

Selon l'organe de propagande de l'EI, un membre du groupe jihadiste sunnite a ouvert le feu sur des fidèles au sanctuaire de Shahcheragh, "tuant au moins 20 chiites et en blessant des dizaines d'autres".

Un témoin a déclaré à l'agence officielle iranienne Irna avoir "entendu des cris de femmes au moment de l'appel à la prière du soir", ajoutant que "l'agresseur est entré et a tiré sur le sanctuaire".

- Seconde attaque meurtrière -

Des images publiées par les médias d'Etat montrent un bain de sang et plusieurs cadavres recouverts de draps.

L'agence Irna a diffusé les images d'un petit garçon sur une civière notamment mais aussi la photo floutée d'une femme gisant au sol tenant un petit enfant auprès d'un homme adossé à un mur, avec des marques de sang apparentes.

Cette attaque s'est produite alors que l'Iran est, depuis près de six semaines, touchée par une vague de manifestations déclenchées par la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans décédée trois jours après son arrestation par le police des moeurs à Téhéran, une contestation d'une ampleur que le pays n'avait pas connue depuis trois ans.

Il s'agit de la seconde attaque meurtrière perpétrée en 2022 contre un lieu de culte chiite en Iran, pays de quelque 83 millions d'habitants, où le chiisme est religion d'Etat depuis le XVIe siècle.

Début avril, un ressortissant d'origine "ouzbèke" âgé de 21 ans a poignardé à mort deux religieux chiites et blessé un troisième dans la cour du sanctuaire de l'imam Réza à Machhad, la deuxième ville d'Iran.

Accusé de "moharebeh" (être un "ennemi de Dieu" en persan), l'assaillant a été pendu en juin dans la même ville, selon l'Autorité judiciaire.

L'attentat de Chiraz est la plus meurtrière en Iran depuis février 2019, lorsque 27 membres des Gardiens de la révolution, armée idéologique de la République islamique, ont péri dans un attentat revendiqué par un groupe extrémiste sunnite dans le sud-est du pays.

En 2018, un attentat a coûté la vie à 24 personnes à Ahvaz, la capitale du Khouzestan (sud-ouest). Il a été revendiqué par l'EI mais Téhéran a mis en cause le "Front populaire et démocratique des Arabes d'Ahvaz" (FPDAA), un groupe séparatiste qui a nié toute implication.

L'EI a revendiqué sa première attaque en Iran le 7 juin 2017. Des hommes armés et des kamikazes avaient alors attaqué à Téhéran le Parlement et le mausolée du fondateur de la République islamique, l'ayatollah Khomeiny, faisant 17 morts.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.