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Iran: affrontements lors de manifestations dans leur quatrième semaine


Samedi 8 octobre 2022 à 17h12

Paris, 8 oct 2022 (AFP) — Des écolières ont agité leurs foulards, des salariés se sont mis en grève et des affrontements avec les forces de l'ordre ont éclaté samedi en Iran, où les manifestations déclenchées par la mort de Mahsa Amini sont entrées dans leur quatrième semaine, selon des ONG.

La colère s'est enflammée après le décès de cette Kurde iranienne de 22 ans le 16 septembre à l'hôpital, trois jours après son arrestation à Téhéran par la police des moeurs pour infraction au code vestimentaire strict de la République islamique pour les femmes, prévoyant notamment le port du voile.

La répression s'est accrue depuis le début du mouvement de contestation, le plus important depuis les manifestations contre la hausse des prix l'essence en 2019.

Les autorités iraniennes ont affirmé vendredi que Mahsa Amini était décédée des suites d'une maladie et non de "coups" portés à la tête, alors que sa famille avait indiqué qu'elle était auparavant en bonne santé.

Les manifestations se sont poursuivies samedi en Iran dans le cadre de ce mouvement de contestation qui a également donné lieu à des rassemblements de solidarité avec les femmes iraniennes ces dernières semaines à travers le monde.

A Saqez, ville natale de Mahsa Amini dans la province du Kurdistan (ouest), des écolières ont scandé "Femme, vie, liberté" et marché dans la rue en agitant leur foulard au-dessus de leur tête, selon des vidéos enregistrées samedi, a indiqué l'ONG de défense des droits humains Hengaw, basée en Norvège.

Sur un autre vidéo largement diffusée sur Twitter, un homme semble avoir été tué alors qu'il était assis au volant de sa voiture à Sanandaj (ouest) où des coups de feu ont par ailleurs été entendus.

Cité par l'agence officielle Irna, le chef de la police de la province du Kurdistan, où est située Sanandaj, a nié toute implication des forces de l'ordre dans cette mort qu'il a imputée à des émeutiers.

Malgré les restrictions d'accès à Internet par les autorités cherchant à empêcher les rassemblements et la diffusion d'images de la répression, les manifestants ont adopté de nouvelles tactiques pour faire passer leur message.

A l'image de cette grande banderole placée sur un viaduc de l'autoroute Modares traversant le centre de Téhéran, selon des images en ligne vérifiées par l'AFP, sur laquelle il est écrit: "Nous n'avons plus peur. Nous allons nous battre".

Une vidéo largement partagée montre un homme en train de modifier le texte d'un slogan sur un grand panneau d'affichage public où la phrase "La police est au service du peuple" est devenue "La police tue le peuple".

- "Grèves générales" -

Dans une autre forme de protestation, des "grèves générales" ont lieu à Saqez, Sanandaj et Divandarreh, trois villes du Kurdistan, ainsi qu'à Mahabad, dans la province d'Azerbaïdjan occidental, selon Hengaw.

A Sanandaj, des coups de feu ont retenti lors d'affrontements entre manifestants et forces de l'ordre, selon des images partagées par le média en ligne 1500tasvir, qui recense les violations des droits humains.

Des manifestations ont aussi eu lieu à Chiraz (sud) ainsi qu'à Karaj, près de Téhéran, selon la même source, et d'après le site d'information Iran Wire, basé à Londres, des étudiants ont également manifesté à Ispahan (centre) et Tabriz (nord-ouest).

L'AFP n'a pas été en mesure, dans l'immédiat, de vérifier les images de 1500tasvir.

Au moins 92 personnes ont été tuées depuis le 16 septembre, selon l'ONG Iran Human Rights, basée à Oslo, alors qu'un bilan officiel fait état d'environ 60 morts parmi lesquels 12 membres des forces de sécurité.

Le président ultraconservateur, Ebrahim Raïssi, a participé samedi à une cérémonie dans une université de Téhéran marquant le début de l'année universitaire, et sur le même campus, des jeunes femmes ont été vues en train de crier "Mort à l'oppresseur", selon l'IHR.

Lors de ce déplacement, M. Raïssi a assuré que les étudiants ne serviraient pas les intérêts de "l'ennemi".

L'Iran a accusé à plusieurs reprises des forces extérieures d'attiser les manifestations, notamment les Etats-Unis, son ennemi juré. La semaine dernière, Téhéran a annoncé que neuf ressortissants étrangers, notamment de France, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et des Pays-Bas, avaient été arrêtés.

Vendredi, Paris a appelé les Français "de passage en Iran" à "quitter le pays dans les plus brefs délais compte tenu des risques de détention arbitraire auxquels ils s'exposent".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.