Mercredi 5 mai 2010 à 15h54
BAGDAD, 5 mai 2010 (AFP) — L'Irak devrait encore être gouverné durant les quatre prochaines années par une coalition chiite composée des partisans du Premier ministre Nouri al-Maliki et des partis proches de l'Iran, après leur accord pour former un groupe unique au Parlement.
Cependant, l'Alliance pour l'Etat de droit (AED) de M. Maliki et les chiites conservateurs de l'Alliance nationale irakienne (ANI) doivent se réunir mercredi pour régler le point le plus sensible: Qui sera le prochain chef du gouvernement?
Avec 159 députés, il manque encore quatre élus aux deux listes pour obtenir la majorité absolue au Parlement qui compte 325 sièges. L'Alliance kurde (43 sièges) s'est dit prête mercredi à rejoindre cette coalition.
"Un accord a été trouvé pour former le plus grand bloc parlementaire avec l'union entre l'Etat de droit et l'Alliance nationale irakienne. C'est un premier pas pour s'ouvrir ensuite à d'autres formations politiques", avait annoncé mardi soir Abdel Razak al-Kazami, un conseiller de l'ancien Premier ministre Ibrahim Jaafari membre de l'ANI.
"La chose la plus importante pour cette union est de former un gouvernement irakien et de mettre au point un programme gouvernemental avec la participation de tous et la nomination d'un Premier ministre", avait-il ajouté devant les journalistes, au domicile de M. Jaafari.
Les représentants des deux listes doivent se retrouver mercredi pour déterminer la procédure de désignation du nouveau Premier ministre.
"Des discussions se tiendront aujourd'hui (mercredi) pour déterminer les mécanismes afin de choisir notre candidat au poste de Premier ministre, soit en le désignant par consensus ou par un vote au sein du groupe parlementaire", a déclaré à l'AFP le porte-parole de l'AED, Hajem al-Hassani.
M. Maliki, dont la liste a obtenu 89 sièges, n'est toutefois pas sûr de conserver son portefeuille. L'ANI, qui regroupe le Conseil supérieur islamique d'Irak (CSII) dirigé par Ammar al-Hakim et les partisans du chef radical chiite Moqtada Sadr et qui a recueilli 70 députés, lui voue une profonde animosité.
Elle lui reproche d'avoir constitué sa propre liste pour les élections du 7 mars, face à ses anciens alliés chiites qui l'avaient pourtant choisi en 2006 comme Premier ministre. Elle dénonce aussi ses méthodes autoritaires de gouverner, qui avaient poussé certains ministres du mouvement sadriste à quitter le cabinet en 2007.
Cette nouvelle alliance prive de facto l'ancien Premier ministre laïc Iyad Allawi, de former un gouvernement. Sa liste, le Bloc Irakien, est arrivée en tête des législatives avec 91 sièges notamment grâce à un vote massif des sunnites.
La porte-parole du Bloc irakien a accusé sans le nommer l'Iran d'avoir été à la manoeuvre, estimant qu'il s'agissait d'une coalition confessionnelle.
"Constitutionnellement, c'est le droit de blocs de fusionner. Cependant, nous avons le sentiment que cette alliance vise le Bloc Irakien et notre projet national, et qu'elle a été mise au point par des puissances régionales", a déclaré à l'AFP Mayssoun al-Damalouji.
"C'est un retour en arrière et c'est une fusion à caractère confessionnel. Nous allons décider dans les prochains jours ce que nous allons faire", a-t-elle ajouté.
L'Alliance kurde a en revanche a estimé en revanche que cette union "allait dans le bon sens pour sortir de la crise".
"Mais pour que cela soit couronné de succès, il faut que cette nouvelle alliance prenne l'initiative de s'ouvrir à d'autres listes et laisse chaque formation participer à la formation du nouveau gouvernement", a ajouté son porte-parole, Sami Shorash.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.