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Irak: un soldat tué dans des affrontements avec des combattants yazidis


Lundi 2 mai 2022 à 19h42

Bagdad, 2 mai 2022 (AFP) — Un soldat irakien a été tué et deux blessés dans des combats lundi entre l'armée et des combattants yazidis affiliés aux rebelles kurdes turcs du PKK dans la région du Sinjar dans le nord de l'Irak, selon un officier et un député.

Bastion de la minorité yazidie, la région du Sinjar est régulièrement secouée par des affrontements entre les forces de sécurité et les Unités de résistance du Sinjar, une faction armée affiliée au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Les heurts ont éclaté dimanche soir et se sont intensifiés lundi, avant de cesser en fin d'après-midi. Chaque camp a accusé l'autre de l'attaquer.

Dans un communiqué, les forces de sécurité ont accusé les combattants yazidis d'avoir fermé des routes aux environs du village de Snuny, dans le nord de la région du Sinjar, érigeant des barrages et empêchant le passage des civils.

L'armée a tenté d'ouvrir ces voies mais a essuyé "des tirs nourris", selon le communiqué qui a dénoncé la présence de "francs-tireurs sur des toits" et des "routes minées". Les militaires ont répliqué et ont fini par rétablir la situation.

Un soldat a été tué, ont indiqué à l'AFP le député Sherwan al-Douberdani, élu de la province de Ninive où se trouve Sinjar, et un haut responsable de l'armée qui a aussi fait état de deux militaires blessés.

S'exprimant sous couvert de l'anonymat, le responsable militaire a en outre fait état d'une dizaine de morts parmi les Unités de résistance du Sinjar, dont les combattants sont aussi affiliés aux ex-paramilitaires du Hachd al-Chaabi. Mais il n'était pas possible de confirmer ce bilan.

Les Unités de résistance du Sinjar accusent l'armée de vouloir prendre le contrôle de leur région. L'armée souhaite, elle, faire appliquer un accord négocié par Bagdad avec le Kurdistan irakien voisin, qui stipule le retrait des combattants yazidis et du PKK.

Selon M. Douberdani, les combattants yazidis refusent "de se retirer du Sinjar" et s'opposent "au départ des agents étrangers de la région", allusion au PKK.

ANF news, un site d'information proche du PKK, a évoqué des bombardements "à l'artillerie lourde" de l'armée irakienne lors des affrontements.

Les combats ont fait réagir Nadia Murad, prix Nobel de la Paix 2018, rescapée des sévices infligés par le groupe jihadiste Etat islamique (EI) à la minorité yazidie.

Les habitants "sont une fois encore obligés de fuir leurs maisons en raison des affrontements dans la région du Sinjar", a-t-elle déploré sur Twitter, appelant la communauté internationale à oeuvrer avec le gouvernement irakien pour résoudre "les problématiques sécuritaires dans la région et protéger les civils".

La région du Sinjar est sporadiquement la cible de raids aériens menés par la Turquie voisine contre des bases du PKK, un groupe "terroriste" selon Ankara.

La mission de l'ONU en Irak a déploré les "graves conséquences" des derniers affrontements. "Les habitants ont énormément souffert par le passé et méritent la paix, sous l'autorité de l'Etat. Les perturbateurs locaux et étrangers n'ont pas leur place au Sinjar".

ak-tgg/gde/tp

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.