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Irak: un politicien arrêté après un tweet évoquant un grand ayatollah


Lundi 28 mars 2022 à 19h23

Erbil (Irak), 28 mars 2022 (AFP) — Un responsable politique kurde a été arrêté lundi dans la région autonome du Kurdistan irakien après la publication sur son compte twitter de propos jugés insultants envers le grand ayatollah Ali Sistani, plus haute autorité chiite d'Irak, ont annoncé les autorités kurdes.

Nayef Kurdistani, originaire de la ville de Mossoul, "a été interpellé par les forces de sécurité de la région du Kurdistan" et est actuellement incarcéré à Erbil, a indiqué le ministère de l'Intérieur du Kurdistan irakien dans un communiqué.

Les autorités lui reprochent d'avoir tenu "des propos répréhensibles sur la marjaïya", c'est-à-dire la plus haute autorité de l'islam chiite incarnée par le grand ayatollah Ali Sistani.

Dans le tweet apparu dimanche sur le compte de Nayef Kurdistani, son auteur dit être partisan "de l'autorité arabe de +Ahl al-Bayt+ (qui désigne dans la tradition musulmane, les proches du prophète Mahomet, ndlr)", et non des représentants de "l'autorité indienne, persane et afghane. Ils ne sont pas descendants du Prophète, même s'ils portent des turbans noirs", que revêtent les religieux chiites qui descendent de la famille de Mahomet.

La dernière phrase a fait bondir car le grand ayatollah Sistani, qui vit aujourd'hui dans la ville sainte chiite de Najaf (sud de l'Irak), est né et a passé son enfance en Iran, l'ancienne Perse. Et en tant que descendant du prophète de l'islam, il porte en permanence un turban noir.

Le tweet a ensuite disparu du compte de M. Kurdistani et ce dernier a nié en être l'auteur, affirmant que son compte avait été piraté.

En Irak, dont la population est majoritairement chiite, Ali al-Sistani, 91 ans, est immensément révéré. Ses fatwas sont scrutées et disséquées et elles ont bien de plus de poids que nombre de décisions politiques.

S'attaquer au grand ayatollah ou "insulter un symbole ou une personne qui fait l'objet de sanctification, de dévotion ou est révéré" est passible d'une peine maximale de trois ans de prison, selon l'article 372 du code pénal.

A Bagdad, "une foule" a incendié dans la nuit de dimanche à lundi les locaux du Parti démocratique du Kurdistan (PDK), dont Nayef Kurdistani a été membre et candidat malheureux pour les élections législatives de 2018, selon des responsables du PDK.

Le sinistre n'a fait aucun blessé et le PDK a affirmé qu'il ne comptait plus M. Kurdistani dans ses rangs.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.