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Irak: un différend commercial dégénère en violence et fait flamber le prix du gaz au Kurdistan


Mercredi 5 février 2020 à 17h24

Bagdad, 5 fév 2020 (AFP) — Un différend entre compagnies de transport de GPL au Kurdistan irakien a provoqué dans la région autonome des attaques armées et une flambée des prix de l'essence et du gaz de cuisine, ont indiqué mercredi des sources industrielles et gouvernementales.

La crise est née de la réattribution du contrat de distribution de gaz de pétrole liquéfié (GPL) du champ de Khor Mor, dans le nord-est de l'Irak, aux consommateurs dans le Kurdistan.

"La société Golden Jaguar distribuait ce GPL depuis plusieurs années par camions", explique à l'AFP un responsable au sein des autorités kurdes.

"L'appel d'offre a été durci et le contrat a été réattribué à une autre société, SorGas, qui s'est engagée à commencer la distribution le 1er février", poursuit-il sous le couvert de l'anonymat.

Selon ce responsable et deux sources dans l'industrie gazière, Golden Jaguar est liée au puissant parti de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK).

SorGas est, elle, liée au Parti démocratique du Kurdistan (PDK), à la tête de cette région autonome du nord de l'Irak et grand rival de l'UPK.

Le 1er février, des hommes armés non identifiés ont attaqué le siège de SorGas et brièvement retenu son directeur, a-t-on ajouté de mêmes sources. Contacté par l'AFP, le directeur de SorGas s'est abstenu de tout commentaire.

Les trois nuits qui ont suivi, des hommes armés non identifiés ont tiré sur des camions de SorGas transportant du GPL en divers endroits du Kurdistan, a-t-on précisé.

- "On paie le prix" -

Ces tirs n'ont pas fait de victime mais le GPL des camions n'a pu être acheminé et le prix du gaz de cuisine est passé de 7.000 dinars irakiens à 25.000 dinars, soit d'environ cinq euros à 19 euros.

Le ministère de l'Intérieur kurde a dit mardi qu'il recherchait les auteurs des tirs.

Pour Suran Omar, député du Parlement kurde contacté par l'AFP, "au Kurdistan, les dirigeants des partis politiques investissent dans les affaires, et ne pensent pas aux comptes publics ou aux besoins quotidiens des habitants".

La crise du GPL provoquait toujours mercredi des pénuries dans le nord de l'Irak.

A Souleimaniyeh (nord-est), les prix commençaient à redescendre mais des familles se pressaient pour acheter de quoi se chauffer et cuisiner, a constaté un journaliste de l'AFP.

"Je n'ai pas acheté de bouteille de gaz cette semaine en pensant que la crise allait passer", se lamente un chauffeur de taxi à Erbil. "La bouteille se vend à 25.000 dinars, et j'ai finalement été obligé de l'acheter", dit-il à l'AFP. "Les partis se disputent et on paie le prix".

Les conséquences des pénuries étaient également ressenties à Mossoul, grande ville proche du Kurdistan où de longues files d'attente étaient visibles dans les stations-essence.

Le Kurdistan produit 1.000 tonnes de GPL par jour, dont 600 consommées localement avec des prix allégés par des subventions gouvernementales.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.