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Irak: séance du Parlement jeudi pour élire le président de la République


Mardi 11 octobre 2022 à 18h03

Bagdad, 11 oct 2022 (AFP) — Le Parlement irakien tiendra jeudi une séance consacrée à l'élection du président de la République, une première étape indispensable pour former un nouveau gouvernement et tenter de mettre fin à l'impasse politique paralysant le pays depuis un an.

Après les dernières législatives du 10 octobre 2021, les barons de la politique n'ont toujours pas réussi à s'entendre sur un nouveau président ni à désigner un Premier ministre.

Dans un pays multiconfessionnel et multiethnique, habitué aux marchandages en coulisses, ces derniers mois ont été marqués par des revirements de dernière minute et des manifestations émaillées de violences meurtrières.

L'incertitude plane sur la séance parlementaire de jeudi, en raison notamment de désaccords entre les deux principaux partis kurdes qui se disputent la présidence de la République, poste hautement honorifique traditionnellement réservé à un Kurde.

"Le président du Parlement Mohamed al-Halboussi annonce une séance jeudi 13 octobre avec un seul élément à l'ordre du jour, l'élection du président de la République", selon un communiqué de ses services publié mardi.

L'annonce pourrait signifier une accélération du calendrier politique. Une fois élu, le nouveau président pourra désigner un Premier ministre, choisi par la plus grande coalition au Parlement.

La présidence de la République revient généralement à l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), tandis que le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) garde la haute main sur les affaires du Kurdistan autonome. Mais désormais le PDK exige la présidence à Bagdad.

- "Crise prolongée" -

Parmi les candidats qui se démarquent, figurent le président sortant Barham Saleh de l'UPK, et Rebar Ahmed, l'actuel ministre de l'Intérieur de la région du Kurdistan, qui représente le PDK.

Pour Sajad Jiyad, chercheur au think-tank Century International, un vote devrait avoir lieu grâce à un quorum de 220 députés sur les 329 que compte de l'Assemblée.

Mais de nombreuses questions demeurent, dans un Parlement aux alliances changeantes, dominé par les factions chiites pro-Iran du Cadre de coordination.

"Le Cadre de coordination a-t-il réussi à convaincre le PDK et l'UPK de s'accorder? Y aura-t-il un seul candidat? S'agira-t-il de Barham ou de deux candidats, Barham et un autre soutenu par le PDK?", s'interroge l'expert.

De son côté, le politologue Ali al-Baidar évoque un possible candidat de consensus, l'ancien ministre Abdel Latif Rachid, membre de l'UPK.

Dans un contexte de blocage, il parle également d'"une action accélérée du Cadre de coordination pour mettre fin à la crise et prendre à nouveau les rênes du pouvoir".

Car la principale source de tensions depuis un an sont les rivalités entre les deux pôles politiques dominant la communauté musulmane chiite, majoritaire en Irak, qui se disputent le droit de désigner un Premier ministre.

- Gouvernement ou escalade? -

D'un côté, l'influent leader religieux Moqtada Sadr réclame une dissolution du Parlement et des législatives anticipées avant la formation d'un gouvernement.

De l'autre, le Cadre de coordination --incluant les ex-paramilitaires du Hachd al-Chaabi et l'ex-Premier ministre Nouri al-Maliki, rival historique de M. Sadr-- veut un nouveau gouvernement avant tout scrutin.

Désormais première force au sein du Parlement, le Cadre de coordination a pris la place du Courant sadriste, qui a retiré en juin ses 73 députés à la demande de son chef.

La coalition pro-Iran maintient la candidature au poste de Premier ministre de Mohamed Chia al-Soudani, ancien ministre et ex-gouverneur de province âgé de 52 ans.

Reste à savoir quelle sera la réaction de Moqtada Sadr, qui a démontré sa capacité à mobiliser des dizaines de milliers de manifestants dans les rues et à déstabiliser l'échiquier politique.

L'épreuve de force a atteint son paroxysme le 29 août, quand plus de 30 partisans sadristes ont été tués dans des affrontements contre l'armée et les forces du Hachd al-Chaabi, intégrées aux troupes régulières.

"Il est probable que les Sadristes soient mécontents. Peut-être vont-ils encourager des manifestations", pronostique Sajad Jiyad.

Ali al-Baidar évoque, lui, deux scénarios. Le premier, un feu vert des Sadristes en échange d'"un certain nombre de ministères, dont deux portefeuilles régaliens", estime-t-il, penchant en faveur de cette option.

La seconde option, dit-il, "l'escalade".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.