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Irak: sans accord politique entre Bagdad et les Kurdes, pas de bataille de Mossoul (Barzani)


Vendredi 9 septembre 2016 à 18h15

Paris, 9 sept 2016 (AFP) — Bagdad et les autorités kurdes ont un plan militaire pour la reprise de Mossoul, aux mains des jihadistes de l'Etat islamique, mais doivent encore s'entendre sur le volet politique et la future administration de la deuxième ville d'Irak, a indiqué le président du Kurdistan irakien au journal Le Monde vendredi.

"Un accord a été trouvé sur l'aspect militaire, mais il n'y a pas encore d'accord politique. Sans accord politique, il n'y a pas de bataille de Mossoul", a déclaré Massoud Barzani au quotidien français.

Un tel accord doit concerner la future administration de la ville, "la représentation de toutes les minorités ethniques et religieuses, et la possibilité que ces minorités puissent protéger leur zone", a-t-il précisé.

Mossoul, la deuxième ville d'Irak, à majorité sunnite, est tombée aux mains des jihadistes de l'EI en juin 2014 et Bagdad ainsi que les pays de la coalition internationale anti-EI menée par les Etats-Unis espèrent sa reconquête d'ici la fin de l'année.

"Les peshmergas (combattants kurdes, ndlr) et les forces irakiennes auront le rôle principal dans la bataille", a déclaré M. Barzani, précisant toutefois que les Kurdes n'avaient "pas l'intention" d'entrer dans cette ville du nord de l'Irak, qui comptait 2 millions d'habitants avant sa prise par l'EI.

"Si nous entrons, nous ne resterons pas", a-t-il ajouté.

Evoquant les milices locales sunnites, il a jugé "normal qu'elles participent" à la bataille. Mais concernant les milices chiites qui opèrent pour le compte de Bagdad, "il faut l'accord de la population locale".

"Il faut une bonne coordination entre sunnites et chiites, sinon l'issue de cette bataille ne sera pas belle à voir", a-t-il prévenu.

En juin dernier, la reprise de la ville sunnite de Fallouja, première ville à tomber aux mains de l'EI en 2014, a donné lieu à des exactions et des atrocités commises par les milices chiites, selon des témoins et des ONG.

M. Barzani a également prévenu que le Kurdistan irakien autonome resterait "une ligne rouge". "Personne n'y restera après la guerre, que ce soit les forces américaines ou irakiennes", a-t-il assuré.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.