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Irak: rejet du plan partition américain, seuls les Kurdes se réjouissent


Samedi 29 septembre 2007 à 15h57

BAGDAD, 29 sept 2007 (AFP) — Responsables chiites et sunnites en Irak ont fait front contre une proposition du Sénat américain de partition de leur pays, alors que les dirigeants kurdes la saluaient samedi "comme l'unique solution" à l'actuel chaos.

Le Premier ministre Nouri al-Maliki, un chiite, a estimé qu'une division de son pays "serait catastrophique non seulement pour l'Irak, mais pour toute la région". De retour de New York, où il a assisté à l'Assemblée générale de l'ONU, il a ajouté qu'il "appartient aux Irakiens de décider de telles questions et ils souhaitent maintenir l'unité de leur pays".

Le Sénat américain a approuvé mercredi par 75 voix contre 23 une résolution non-contraignante sur un découpage de l'Irak en trois régions de nature confessionnelle: chiite dans le sud, sunnite au centre et kurde dans le nord.

Ce plan aux accents fédéralistes est, selon ses défenseurs, la seule solution pour mettre un terme aux violences qui secouent l'Irak.

Il est parrainé par le sénateur démocrate et candidat à la Maison Blanche Joseph Biden, qui le présente comme la clé politique pour permettre un retrait des troupes américaines tout en empêchant le chaos.

Le partage du pays en Etats distincts en fonction des différentes communautés est toutefois rejeté par l'administration du président George W. Bush.

Ce vote, symbolique, est avant tout une nouvelle péripétie du débat de politique intérieure américaine sur le dossier irakien.

Il a cependant suscité une vive émotion en Irak, où la question du fédéralisme reste un sujet très sensible alors que le pays est ravagé par les violences confessionnelles.

M. Maliki a ainsi souhaité que le parlement irakien se réunisse dès que possible pour rejeter formellement, par un vote des députés, la proposition du Sénat américain.

"Ce plan de division va contre les intérêts des Irakiens et contre la paix", a commenté de son côté un porte-parole du grand ayatollah Ali Sistani, principale autorité spirituelle des chiites irakiens.

"Tout pays voisin qui soutiendrait ce projet en paierait le prix par une instabilité dans toute la région", a averti cheikh Abdoul Mahdi al-Karbalaï, qui s'exprimait au nom du grand ayatollah.

"Nous rejetons ce vote, sur la forme comme sur le fond", a pour sa part réagi un membre du bureau du jeune chef radical chiite Moqtada Sadr, très populaire parmi les chiites irakiens.

Le mouvement Sadr a "demandé que le gouvernement rejette le projet du Sénat américain et le condamne très clairement comme une atteinte aux aspirations du peuple irakien", a expliqué Issam al-Moussaoui, dénonçant une "flagrante interférence dans les affaires interieures de l'Irak".

Le Conseil des oulémas musulmans, importante organisation sunnite et considérée comme proche de l'insurrection, a également condamné la proposition américaine, qui "prend le prétexte d'éviter les violences pour imposer la division de l'Irak".

Cette division est "l'un des principaux objectifs de l'occupation américaine", a accusé le Conseil des oulémas, qui a appelé les Irakiens à la rejeter.

Le vote du sénat américain a également provoqué une vaste condamnation sur la scène internationale: de la part de l'Iran, des monarchies du Golfe, de la Ligue arabe, de l'Organisation de la conférence islamique ou de la France.

La seule note discordante est venue du gouvernement de la région autonome du Kurdistan irakien, qui a salué chaleureusement la résolution américaine comme "la seule solution viable aux problèmes de l'Irak".

Cette résolution est un appel "à reconstruire l'Etat irakien sur la base du fédéralisme", s'est réjoui le gouvernement du Kurdistan, qui bénéficie déjà d'une large autonomie par rapport à Bagdad.

"Une solution fédérale pour l'Etat irakien ne signifie pas la division, mais plutôt une union volontaire", selon les autorités kurdes irakiennes.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.