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Irak: Polémique entre Kurdes et sunnites après les attentats dans le nord


Dimanche 16 août 2009 à 22h05

MOSSOUL (Irak), 16 août 2009 (AFP) — Le gouvernement autonome kurde et les dirigeants sunnites de la province de Ninive se sont accusés mutuellement d'être responsables des attentats qui ont ensanglanté la région ces derniers jours, dont le dernier a fait un blessé dimanche à Mossoul.

L'unique représentant des chabacks, une minorité kurdophone, au conseil provincial de Ninive (nord de l'Irak) Qoussaï Abbas a été blessé dimanche ainsi que ses deux conseillers, dans un attentat à la bombe qui a visé sa voiture à Mossoul, a indiqué la police.

Cette attaque intervient sur fond de polémique entre le gouvernement autonome du Kurdistan et les responsables sunnites qui dirigent la province de Ninive.

"Nous regrettons de voir les dirigeants de la liste al-Hadba (sunnite) s'opposer aux principes de la démocratie et de la coexistence pacifique en accusant la région du Kurdistan d'être partie prenante des dernières attaques terroristes à Ninive", affirme dimanche dans un communiqué un porte-parole du gouvernement kurde.

Le 10 août, deux camions piégés ont ravagé le village chaback de Khaznah, faisant 34 morts et 155 blessés. Cette minorité chiite et sunnite, d'environ 30.000 personnes est dispersée dans une cinquantaine de villages de cette province.

Jeudi, 21 personnes, appartenant en majorité à la secte kurdophone des yazidis, ont été tuées dans un attentat commis par deux kamikazes dans un café de Sinjar, également dans la province de Ninive.

"Nous avons été patients jusqu'à présent pour préserver la tranquillité et la stabilité et pour les empêcher de nous entraîner dans une confrontation aux conséquences terribles", ajoute le porte-parole kurde.

"La réalité c'est que des membres de la liste al-Hadba, notamment deux frères (du gouverneur) sont responsables de la campagne d'attentats et d'assassinats qui visent les Kurdes yazidis et chabacks, les Turcomans et les chrétiens, et plus de 2.000 kurdes ont été tués à Mossoul sans mentionner le déplacement de centaines de familles chrétiennes et kurdes", souligne-t-il.

"Il s'agit de déclarations haineuses de la part des gens qui n'ont pas apprécié le résultat des élections provinciales et c'est pour cela qu'ils profèrent des menaces", a déclaré à l'AFP Athel al-Noujaifi, le gouverneur sunnite de la province faisant allusion à sa victoire face à la liste kurde qui contrôlait la province depuis 2005.

"Nous continuons à leur demander de reconnaître les frontières de notre gouvernorat (...) et d'accepter que c'est l'armée irakienne qui doit se déployer dans la province", a-t-il ajouté.

Pour tenter de calmer la situation, le chef de la Force multinationale, le géneral américain Ray Odierno, a organisé dimanche une réunion entre les ministres irakien de l'Intérieur et de la Défense et le ministre de l'Intérieur de la région kurde et le commandant des peshmergas (combattants kurdes), indique un communiqué militaire américain.

La tension est vive entre le gouvernement kurde qui demande le rattachement à leur région d'une partie de la province de Ninive où vivent des Kurdes ou des populations kurdophones et le gouverneur sunnite ainsi que le gouvernement central de Bagdad qui y est totalement opposé.

Certains responsables sunnites accusent les Kurdes de commettre les attentats afin de pousser les populations kurdophones à demander l'appui des peshmergas (combattants kurdes) alors que les autres soupçonnent des responsables sunnites d'être proches des insurgés.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.