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Irak: Polémique entre kurdes et sunnites après les attentats dans le nord


Dimanche 16 août 2009 à 15h24

MOSSOUL (Irak), 16 août 2009 (AFP) — Le gouvernement autonome kurde et les dirigeants sunnites de la province de Ninive se sont accusés mutuellement d'être responsables des attentats qui ont ensanglanté la région ces derniers jours, dont le dernier a fait un blessé dimanche à Mossoul.

L'unique représentant des chabacks, une secte kurdophone, au conseil provincial de Ninive (nord de l'Irak) a été blessé dimanche ainsi que ses deux aides, dans un attentat à la bombe qui a visé sa voiture, a indiqué la police.

"Qoussaï Abbas et deux de ses assistants ont été blessés ce matin (dimanche) par une bombe posée sur le bord de la route et qui a explosé au passage de sa voiture dans le centre de Mossoul", selon la police.

Cette nouvelle attaque intervient sur fond de violente polémique entre le gouvernement autonome du Kurdistan et les responsables sunnites qui sont à la tête de la province de Ninive.

"Nous regrettons de voir les dirigeants de la liste al-Hadba (sunnite) s'opposer aux principes de la démocratie et de la coexistence pacifique en accusant la région du Kurdistan d'être partie prenante des dernières attaques terroristes à Ninive", affirme dimanche dans un communiqué un porte-parole du gouvernement kurde.

Le 10 août, deux camions piégés, garés à quelques centaines de mètres l'un de l'autre, ont ravagé à une minute d'intervalle au petit matin le village de Khaznah, faisant 28 morts et 155 blessés, selon un responsable du ministère de la Santé.

Trente-cinq maisons ont été détruites dans cette localité prospère où vivent 3.500 chabaks, en majorité des commerçants et des agriculteurs. Cette secte kurdophone, chiite ou sunnite, d'environ 30.000 personnes est dispersée dans une cinquantaine de villages de cette province.

En outre, 21 personnes, appartenant en majorité à la secte esotérique kurdophone des yazidis, ont été tuées jeudi dans un attentat suicide commis par deux kamikazes dans un café de Sinjar, également dans la province de Ninive.

"Nous avons été patients jusqu'à présent pour préserver la tranquillité et la stabilité et pour les empêcher de nous entraîner dans une confrontation aux conséquences terribles", ajoute le porte-parole kurde.

"La réalité c'est que des membres de la liste al-Hadba, notamment deux frères (du gouverneur) sont responsables de la campagne d'attentats et d'assassinats qui visent les Kurdes yazidis et chabacks, les Turcomans et les chrétiens, et plus de 2.000 kurdes ont été tués à Mossoul sans mentionner le déplacement de centaines de familles chrétiennes et kurdes", souligne-t-il.

La tension est vive entre le gouvernement kurde qui demande le rattachement à leur région d'une partie de la province de Ninive où vivent des Kurdes ou des populations kurdophones et le gouverneur sunnite ainsi que le gouvernement central de Bagdad qui y est totalement opposé.

Certains responsables sunnites accusent les Kurdes de commettre les attentats pour pousser les populations kurdophones à demander l'appui des peshmergas (combattants kurdes) pour les défendre alors que les autres soupçonnent des responsables sunnites d'être proches des insurgés dont les attentats ensanglantent la région.

Le quotidien du Parti démocratique du Kurdistan (PDK de Massoud Barzani), Attaakhi cite dimanche une personnalité religieuse chaback Mollah Selim Joumaa qui assure que les peshmergas vont assurer la sécurité des 52 villages des chabacks en creusant des fossés et en mettant 12 gardes par village pour "les protéger des attaques terroristes".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.