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Irak: opérations conjointes de l'armée américaine avec Arabes et Kurdes


Mardi 26 janvier 2010 à 19h54

BAGDAD, 26 jan 2010 (AFP) — L'armée américaine a commencé à mener des opérations conjointes avec l'armée irakienne et les Peshmergas, les combattants kurdes, dans des zones disputées du nord de l'Irak, a annoncé mardi le commandant des forces américaines en Irak, le général Ray Odierno.

Ces opérations sont destinées à faire baisser les tensions dans ces régions que se disputent le gouvernement central de Bagdad et les autorités kurdes autonomes d'Erbil (nord).

Mais cette mesure semble avoir eu l'effet inverse, provoquant la colère des communautés arabe et turcomane qui ont rejeté une force "illégale" qui risque de "légitimer" la présence des Peshmergas au-delà du Kurdistan.

Des barrages, contrôlés par les trois forces, ont été établis dans ces zones situées dans les provinces de Kirkouk, riche en pétrole, Ninive et Diyala, a affirmé le général Odierno.

"D'ici le 31 janvier, tous les barrages seront en place et nous allons commencer les patrouilles", a-t-il dit, sans préciser le nombre de soldats américains déployés dans ces régions.

"Il s'agit de protéger la population (...) qui a été visée par Al-Qaïda et d'autres qui essaient d'exploiter les divergences politiques. Cette force (tripartite) a été mise en place pour essayer de mettre fin à la vulnérabilité des gens dans les zones disputées", a insisté Ray Odierno.

L'établissement de cette force tripartite avait été annoncé à l'été 2009 au moment d'un regain de tension entre Kurdes et Arabes.

Les trois provinces du Kurdistan (Erbil, Souleimaniyeh et Dohouk) représentent 40.000 km2, mais les forces kurdes, dans le sillage de l'invasion conduite par les Etats-Unis en 2003, ont étendu leur présence sur 75.000 km2 en prenant le contrôle d'une partie des provinces de Kirkouk, Ninive et Diyala.

Les Etats-Unis et l'ONU font pression pour parvenir à un règlement pacifique, craignant que le conflit entre Arabes et Kurdes ne ruine les efforts pour stabiliser l'Irak.

Le chef de la police de la province de Kirkouk, le général Jamal Taher, un Kurde, a affirmé à l'AFP que la force conjointe américano-arabo-kurde dans cette province était composée de "100 à 150 membres de la police et de l'armée irakiennes, des Peshmergas et de l'armée américaine".

La formation de cette force a toutefois provoqué la colère de la communauté turcomane, qui refuse toute présence kurde à Kirkouk. "Cette présence est illégale et inconstitutionnelle", a affirmé Tourhane al-Moufti, un membre du conseil provincial et membre du Front turcoman.

"Les forces de l'armée et de la police à Kirkouk sont déjà conjointes et des Kurdes sont à leur tête. Déployer cette force tripartite n'a aucune utilité", a-t-il argué.

La communauté arabe de Kirkouk s'est également opposée à un tel déploiement. "Cette force légitime la présence des Peshmergas à Kirkouk, qui sont une force spéciale du Kurdistan", a martelé un dignitaire arabe, Hussein al-Joubouri.

"La présence kurde vise à couper Kirkouk du reste de l'Irak", a-t-il ajouté.

De son côté, un cheikh sunnite de l'une des plus grandes tribus de Kirkouk, Abdallah Sami al-Assi, a conseillé de "renforcer le soutien aux forces armées irakiennes existantes". "Le présence de la force tripartite va avoir l'effet inverse et sa présence n'a aucune justification", a-t-il insisté.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.