Mercredi 7 mars 2007 à 20h18
BAGDAD, 7 mars 2007 (AFP) — Trente Kurdes chiites irakiens ont été tués dans une attaque suicide mercredi soir à Baladruz (100 km à l'est de Bagdad), au lendemain d'un attentat particulièrement sanglant qui a coûté la vie à 117 pèlerins à Hilla, selon un nouveau bilan.
L'attentat antikurde s'est produit vers 17H30 locales (14H30 GMT) à Baladruz. Un kamikaze est entré dans un café du quartier Mandeli fréquenté par des jeunes et s'est fait exploser, selon un officier de police qui a requis l'anonymat. Le quartier est majoritairement composé de chiites Kurdes, les "faïlis".
Mardi après-midi, deux hommes portant des vestes bourrées d'explosifs ont actionné leurs bombes au milieu d'une foule de pèlerins près de Hilla, à 120 km au sud de Bagdad.
"Beaucoup des blessés qui se trouvaient dans un état critique sont morts dans la nuit et nous nous attendons à ce que le bilan de 117 morts continue de monter. Nous soignons 173 blessés", a déclaré à l'AFP le Dr Saad al-Chemari, de l'hôpital de Hilla.
Les proches des victimes dans cette ville s'en sont pris mardi aux policiers irakiens après l'attentat et en ont appelé à la protection de l'Armée du Mahdi, la milice redoutée du chef radical chiite Moqtada Sadr.
"Depuis deux ans, les milices des partis religieux aident à protéger et à guider les pèlerins. Les autorités l'ont interdit et on voit le résultat", a regretté Mohammed al-Shamari, 25 ans.
Les attaques contre les chiites se sont poursuivies dans le pays. Douze policiers et dix civils sont morts dans un attentat suicide à la voiture piégée visant un poste de contrôle chargé de protéger les pèlerins se rendant à Kerbala, dans le quartier sunnite de Saidiya, dans le sud de Bagdad, selon un bilan établi par les troupes américaines.
Les corps de huit pèlerins ont été transportés à l'hôpital Yarmouk de Bagdad.
Toujours dans la capitale, cinq pèlerins ont été tués par des tireurs embusqués au cours de plusieurs attaques, dans des quartiers sunnites, tandis qu'un autre est mort dans l'explosion d'un obus de mortier au sud de Bagdad.
Des dizaines de milliers de pèlerins chiites, ne semblant pas affectés par ces attaques, brandissant des bannières frappées de slogans religieux et des exemplaires du Coran, se rendaient à pied à Kerbala pour commémorer samedi le 40e jour après la mort de l'imam Hussein, une des figures les plus révérées de l'islam chiite, tué en 680 par la dynastie sunnite des Omeyyades.
Responsables irakiens et Américains craignent désormais les représailles des milices chiites, qui font profil bas dans la capitale depuis le lancement à la mi-février de l'opération "Imposer la loi", un nouveau plan de sécurité dans le cadre duquel près de 90.000 Irakiens et GI's sont en cours de déploiement.
"Après chaque attaque de ce type, nous sommes inquiets d'une reprise du cycle infernal des représailles confessionnelles. Nous espérons que tout le monde gardera son sang-froid et ne fera pas le jeu des terroristes", a reconnu le lieutenant-colonel Christopher Garver, porte-parole de l'armée américaine.
Enfin, l'armée américaine a annoncé la mort de trois soldats dans l'explosion d'une bombe au passage de leur véhicule à Bagdad, portant à 3.191 le nombre de soldats et personnels assimilés américains tués depuis l'invasion de l'Irak en mars 2003, selon un décompte de l'AFP établi à partir de chiffres du Pentagone.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.