Page Précédente

Irak/minorités: Les Kurdes rejettent un rapport de HWR mais prêts à enquêter


Jeudi 12 novembre 2009 à 15h25

ERBIL (Irak), 12 nov 2009 (AFP) — Le gouvernement régional du Kurdistan s'est dit prêt jeudi à enquêter sur d'éventuelles violences contre des minorités dans le nord de l'Irak mais a "rejeté avec vigueur" qu'il s'agisse d'une stratégie pour imposer sa loi à ces communautés sans défense.

"Le gouvernement régional va enquêter de manière précise sur toutes les informations se trouvant dans le rapport de Human Rights Watch (HRW). Il peut y avoir eu des mauvais traitements ou des négligences car nous ne prétendons pas être à l'abri de fautes", affirme un communiqué publié jeudi à Erbil.

"Mais nous rejetons fermement l'esprit de ce rapport car nous nous efforçons plus que tout autre en Irak de protéger les minorités et nous insistons pour renforcer les coexistences pacifiques et la tolérance dans notre région et en Irak", ajoute le communiqué du gouvernement kurde.

Dans un rapport publié mercredi, l'organisation des droits de l'Homme basée à New York estime que les minorités, notamment chrétiennes, "sont prises pour cible dans la lutte opposant Arabes et Kurdes pour le contrôle de territoires dans la région de Ninive", dont Mossoul est la capitale.

"Les pechmergas (combattants kurdes) ont sacrifié leur vie pour protéger des terroristes les habitants des régions disputées et ils sont une partie de la solution et non du problème. Ce sont les intégristes et les terroristes qui usent de la violence, transgressent les droits des minorités et ce sont eux qui doivent être blâmés et punis", assure le communiqué.

HRW accuse les forces kurdes de recourir, pour consolider leur emprise sur ces territoires, "à des détentions et arrestations arbitraires, à des actes d'intimidation et dans certains cas à des violences de faible intensité contre les minorités qui ont défié le contrôle du gouvernement régional sur les territoires convoités".

Par ailleurs, selon elle, "des éléments extrémistes de l'insurrection arabe sunnite, qui considèrent ces communautés minoritaires comme des +croisés+ et des +infidèles+ ont lancé des attaques dévastatrices qui ont tué des centaines de civils".

"Si les allégations de HWR étaient correctes et que les minorités étaient la cible de la terreur kurde, pourquoi tant de leurs membres ont trouvé refuge dans les régions sous contrôle du gouvernement kurde", s'interroge le gouvernement.

Par ailleurs, le gouvernement considère que HRW décrit faussement les yazidis et les chabaks comme des "minorités ethniques" alors que selon lui elles sont kurdes. "HWR n'a pas le droit de les décrire ainsi", assure le gouvernement.

HRW appelle le gouvernement régional kurde à modifier sa constitution afin que les chabaks et les yazidis "soient reconnus légalement comme des groupes ethniques distincts et à cesser la répression contre les organisations de la société civile et politique qui s'opposent à la politique kurde dans les régions disputées".

Les minorités visées par les attaques et les pressions sont les 550.000 chrétiens, les 220.000 yazidis (une secte qui croit au diable) et les 60.000 chabaks (une minorité linguistique), ainsi que des minorités turkmènes et des kurdes kakaïs (une communauté aux croyances ésoteriques).

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.