Dimanche 21 janvier 2007 à 15h48
BAGDAD, 21 jan 2007 (AFP) — Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, qui s'apprête à lancer un plan pour sécuriser Bagdad, a vu sa position renforcée dimanche par la décision du chef radical chiite Moqtada Sadr de suspendre son boycott du gouvernement.
"Nous allons participer de nouveau au processus politique", a déclaré à l'AFP un député sadriste, Saleh Hassan Issa al-Ogaïli, en expliquant que des demandes formulées par son mouvement avaient été satisfaites.
Les partisans de Moqtada Sadr -- qui détiennent 32 sièges sur 275 au Parlement et six ministères et secrétaires d'Etat sur 37 au gouvernement -- boycottaient ces institutions depuis le 29 novembre, pour protester contre une rencontre entre M. Maliki et le président américain George W. Bush.
Leur retour dans le jeu politique devrait conforter la position du Premier ministre, affaibli par son incapacité à juguler les violences, qui ont fait plus de 34.000 morts en 2006, selon l'ONU.
Le soutien "de Sadr est une bonne chose car il va consolider la position de Maliki, d'autant que les deux parties sont alliées", a estimé un député kurde, Mahmoud Osmane.
La décrispation politique fait suite à "un accord signé avec le Parlement prévoyant la discussion d'un calendrier de retrait des troupes américaines", a expliqué M. Ogaïli, sans en préciser les modalités.
"Nous avons également demandé un calendrier pour la formation des forces de sécurité irakiennes et que le gouvernement s'abstienne de renouveler le mandat des forces d'occupation sans en référer au Parlement", a-t-il ajouté.
Le président du Parlement, le sunnite Mahmoud al-Machhadani, qui a négocié avec le bloc Sadr son retour au gouvernement, a confirmé cette décision lors d'une conférence de presse.
"Une commission de cinq membres, représentant les différents blocs parlementaires, a négocié avec le courant sadriste, et a présenté des recommandations qui ont été acceptées", a-t-il dit, estimant que les demandes du courant Sadr étaient "légitimes et servaient l'intérêt national".
Des représentants du courant Sadr ont participé à la séance de dimanche au Parlement.
Les négociations pour obtenir le retour des radicaux chiites au gouvernement butaient jusqu'alors sur la question d'un calendrier de retrait des troupes américaines.
On ignore encore à quel niveau cette question sera débattue au Parlement et si elle sera sanctionnée par un vote.
Adversaires résolus de l'occupation américaine de l'Irak, les élus sadristes s'étaient alliés en septembre 2006 avec d'autres blocs parlementaires pour réclamer un calendrier de retrait, dans un texte signé par 104 députés sunnites et chiites.
Aujourd'hui, "le groupe Sadr veut montrer qu'il fait partie du processus politique et qu'il ne va pas recourir à la violence au moment où les forces irakiennes et américaines se sont fixé pour objectif de s'attaquer aux milices", a estimé le député kurde Mahmoud Osmane.
M. Maliki s'apprête à lancer un plan de sécurité pour lutter contre les violences à Bagdad et neutraliser les milices, rendues responsables de la majorité des violences confessionnelles.
Or Moqtada Sadr, qui dirige la plus importante d'entre elles, l'armée du Mahdi, régulièrement accusée d'exactions contre la communauté sunnite et d'attaques contre les forces de la coalition, est dans le collimateur.
Des dizaines de miliciens ont été arrêtés récemment, et il y a deux jours, un de ses porte-parole, Hadi al-Darraji, a été interpellé avec quatre personnes par les forces spéciales de l'armée et leurs conseillers américains à Bagdad.
Cette opération visait, selon l'armée américaine, "le chef d'un groupe armé responsable de nombreux enlèvements, tortures et assassinats de civils irakiens".
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.