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Irak: Maliki au Kurdistan pour tenter de régler des conflits dangereux


Dimanche 2 août 2009 à 16h14

DOUKAN (Irak), 2 août 2009 (AFP) — Le Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, a repris langue dimanche avec les dirigeants kurdes afin de régler des différends aussi ardus et périlleux que la répartition des richesses pétrolières et les limites de la région autonome du Kurdistan.

Pour sa seconde (BIEN seconde) visite depuis son accession au poste de Premier ministre en 2006, M. Maliki est arrivé dans la matinée à l'aéroport de Souleimaniyeh où il a été reçu par le président et le vice-Premier ministre irakiens Jalal Talabani et Barham Saleh, tous les deux d'origine kurde, et Kosrat Rassoul, vice-président de la région autonome du Kurdistan.

Ils se sont tous ensuite rendus au quartier général de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), situé à 75 km nord-ouest de Souleimaniyeh, à Doukan. La télévision a montré M. Talabani présidant la réunion, avec Massoud Barzani à sa gauche et Nouri al-Maliki à sa droite. Derrière eux étaient accrochés les drapeaux irakien et kurde.

Selon le député kurde Mahmoud Othmane, "cette visite de deux jours est très positive et favorise le dialogue pour régler les problèmes entre le gouvernement central et le Kurdistan". M. Maliki était déjà venu pour trois jours au Kurdistan le 2 juin 2007.

Lors des dernières élections présidentielle et législatives, M. Barzani a été largement réélu à la tête du Kurdistan et le Parti Démocratique du Kurdistan (PDK) et l'UPK, ont obtenu la majorité absolue au Parlement régional.

Cette reprise du dialogue se fait sous la pression des Etats-Unis qui craignent que le conflit entre Arabes et Kurdes ne ruine les efforts pour stabiliser l'Irak mais aussi pour des raisons électorales.

Avec un système proportionnel, M. Maliki sait que même si sa liste arrive en tête aux élections générales de janvier, il aura besoin d'alliés pour être reconduit comme Premier ministre et qu'il doit donc ménager les Kurdes.

Les Kurdes ont également besoin d'amis à Bagdad dans la perspective d'un départ des Américains, qui furent leurs protecteurs.

Juste après avoir rencontré le secrétaire américain à la Défense Robert Gates, le président Barzani avait annoncé mercredi l'ouverture prochaine de négociations avec Bagdad.

Les relations sont très mauvaises entre Nouri al-Maliki, qui se présente comme le défenseur de l'Etat central face aux revendications kurdes sur les provinces septentrionales de Ninive et Kirkouk, et M. Barzani, qui a assuré que jamais il ne renoncerait à Kirkouk.

Récemment, M. Barzani avait cité une série de questions empoisonnant les relations entre les deux parties.

Il a évoqué les "territoires disputés" revendiqués par le Kurdistan, comme la province de Kirkouk, le statut des combattants kurdes (peshmergas), la loi sur la répartition des revenus pétroliers, l'exercice du pouvoir par M. Maliki jugé trop personnel, et une meilleure répartition des ethnies au sein de l'armée.

Alors que l'insurrection a nettement diminué depuis deux ans, les Etats-Unis craignent que les conflits ethniques ou territoriaux ne dégénèrent en nouvelle guerre civile bien plus sanglante.

Lors de sa visite en Irak, M. Gates a ainsi exhorté les dirigeants arabes et kurdes à trouver une issue pacifique à leur conflit.

Le général américain Ray Odierno, commandant des troupes en Irak, a indiqué que les tensions entre le gouvernement du Kurdistan et celui de Bagdad étaient "la première source d'instabilité" en Irak.

Les trois provinces formant le Kurdistan représentent 40.000 km2 mais les forces kurdes, dans le sillage de l'invasion conduite par les Etats-Unis en 2003, ont étendu leur présence sur 75.000 km2 en prenant le contrôle d'une partie des provinces de Kirkouk, Ninive et Diyala.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.