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Irak: les sunnites critiquent l'alliance entre chiites et kurdes


Vendredi 17 août 2007 à 17h47

BAGDAD, 17 août 2007 (AFP) — Les dirigeants sunnites irakiens ont critiqué vendredi l'alliance annoncée la veille entre les partis chiites et kurdes, jugeant qu'elle serait inefficace pour résoudre la crise politique en Irak.

"Les dirigeants n'auraient pas dû annoncer une alliance avant de convaincre tous les partis de l'efficacité de la direction politique", a déclaré dans un communiqué le Front de la Concorde nationale, principal bloc sunnite du Parlement dont les ministres ont démissionné du gouvernement le 1er août.

"Le Front exhorte toutes les parties à mettre la pression sur le gouvernement pour réactiver une réelle participation dans le processus politique plutôt que d'avoir une composition qui n'a aucune autorité sur les autres partis", a-t-il ajouté.

Le vice-président sunnite Tarek al-Hachémi, dont le parti est membre du Front, n'a toutefois pas exclu d'apporter son soutien tandis que le Premier ministre chiite Nouri al-Maliki et le président kurde Jalal Talabani ont donné de nouveaux signes d'ouverture pour obtenir l'adhésion des sunnites.

Dans un communiqué séparé, M. Hachémi s'est dit prêt à soutenir la nouvelle alliance. "Je m'engage à soutenir tout le bon travail (de l'alliance) tant que cela sert le pays", a-t-il déclaré.

Jeudi, le président et le Premier ministre ont formé une alliance composée de deux partis chiites et de deux partis kurdes, pour tenter de sortir l'Irak de la crise politique, mais sans obtenir la participation immédiate des sunnites.

La nouvelle alliance comprendra le Parti Dawa de M. Maliki, le Conseil suprême islamique irakien (CSII) du vice-président Adel Abdel Mehdi, l'Union patriotique du Kurdistan du président Talabani et le Parti démocratique du Kurdistan du dirigeant Massoud Barzani.

M. Maliki avait affirmé jeudi que "la porte (était) ouverte à tous ceux qui sont d'accord avec nous sur le fait que le processus politique doit avancer".

Il s'était également dit prêt à faire des efforts pour obtenir l'adhésion des sunnites.

Vendredi, dans une nouvelle tentative pour obtenir leur soutien, le Premier ministre s'est rendu à Tikrit (180 km au nord de Bagdad), l'ancien fief de Saddam Hussein, pour rencontrer des dirigeants sunnites de la province de Salaheddine dont il a loué le "combat contre les terroristes".

"Nous sommes les enfants d'un seul pays. Quelles que soient nos affiliations raciales et confessionnelles, notre seul pays nous unira", a-t-il dit lors d'une rencontre avec des officiers de l'armée irakienne et des membres de la communauté.

Le processus de réconciliation nationale implique "le respect du point de vue de chacun", a-t-il ajouté.

De son côté, le président Talabani a assuré que la nouvelle alliance était "déterminée a trouver un accord avec les frères de la Concorde.

"Les exigences raisonnables doivent être étudiées de manière positive par le gouvernement", a-t-il dit lors d'une conférence de presse.

Cette nouvelle initiative intervient alors que le commandement militaire américain en Irak doit soumettre un rapport au Congrès américain en septembre, pour faire le point sur les avancées dans ce pays depuis la décision controversée du président George W. Bush d'augmenter le nombre de soldats.

Or, le gouvernement irakien est paralysé depuis plusieurs mois par des querelles entre partis sunnites et chiites, qui ont provoqué le départ ou le boycottage de 17 ministres sur 40.

Cette situation a empêché de faire adopter le moindre projet de réformes souhaitées par Washington, dont la loi visant à répartir équitablement les revenus du pétrole entre les 18 provinces irakiennes.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.