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Irak: les réformateurs menacent l'hégémonie des partis traditionnels kurdes


Dimanche 26 juillet 2009 à 23h46

SOULEIMANIYEH (Irak), 26 juil 2009 (AFP) — La liste dissidente kurde a réussi, à l'issue d'une campagne anti-corruption aux législatives, à menacer l'hégémonie des deux grands partis traditionnels et pourrait devenir une réelle opposition au sein du parlement autonome du Kurdistan irakien.

Le scrutin présidentiel qui se déroulait aussi samedi a été marqué par une autre surprise de taille. Le président kurde sortant Massoud Barzani, a été devancé dans la province de Souleimaniyeh par Kamal Mirawdly, un universitaire basé à Londres, alors qu'il pensait transformer en plébiscite cette première élection présidentielle au suffrage universel.

"Dans la province de Souleimaniyeh, selon les résultats préliminaires, la liste du Changement est en tête", a indiqué le site internet de la liste (www.sbeiy.com) pour les élections législatives, emmenée par l'ancien numéro deux de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), Noucherwan Moustapha.

Les résultats préliminaires seront annoncés lundi soir, a fait savoir dimanche la commission électorale irakienne qui avait affirmé samedi que les résultats définitifs ne seraient pas connus avant trois jours.

Fief depuis 35 ans du président irakien Jalal Talabani, cette province est la plus importante après celle d'Erbil et avant celle de Dohouk.

Combattant "l'absence de démocratie" au sein de l'UPK et dénonçant la corruption qui se répand avec le boom économique au Kurdistan, les dissidents avaient créé un coup de théâtre il y a plusieurs mois en décidant de présenter leur propre liste.

Un responsable de Goran (Changement en kurde) a affirmé à l'AFP que sa liste obtiendrait au moins 28 des 111 sièges au nouveau parlement. "Nous avons recueilli 50% des suffrages dans la province de Souleimaniyeh, ce qui nous donne 19 sièges, et 22% dans celle d'Erbil, soit neuf sièges", a indiqué ce dirigeant qui a requis l'anonymat.

Un responsable du Parti démocratique du Kurdistan (PDK) de Massoud Barzani, en charge des élections, a confirmé à l'AFP la victoire de la liste Goran dans la province de Souleimaniyeh.

Selon ses projections, la liste commune formée par les deux grands partis kurdes, intitulée "Kurdistania", devrait obtenir 54 à 55 sièges mais pourrait s'appuyer sur les 11 sièges reservés aux minorités. Les islamistes peuvent espèrer une quinzaine de sièges.

Dans la précédente assemblée, le PDK et l'UPK, les deux partis historiques, disposaient de 78 sièges.

Le chef de cabinet de la présidence du Kurdistan, Fouad Hussein, a de son côté affirmé dimanche soir que le président sortant Massoud Barzani obtiendrait 70% des suffrages et la liste PDK-UPK 60%.

Si la percée de Goran se confirmait, il s'agirait de la première fois depuis les premières élections kurdes en 1992 qu'une réelle opposition parlementaire voit le jour face aux deux grandes formations.

"Les premiers résultats laissent prévoir qu'il y aura un gouvernement fort et une opposition solide", a assuré Hoger Chatou, coordonateur de Chams, une ONG qui a déployé 2.500 observateurs pour les deux scrutins de samedi.

"La liste +Kurdistania+ disposera d'assez de sièges pour former un gouvernement fort et Goran aura un nombre suffisant de sièges pour constituer une forte opposition", a-t-il ajouté.

Selon lui, "les résultats reflètent fidèlement la réalité du Kurdistan".

Quant au scrutin présidentiel, où cinq candidats étaient en lice, M. Barzani est arrivé en tête à Erbil et Dohouk mais Kamal Mirawdly l'a devancé à Souleimaniyeh, a-t-on indiqué de sources concordantes auprès des deux candidats.

La province autonome a massivement participé samedi à l'élection de son président et de son parlement, au cours d'un scrutin qualifié de "transparent" par la commission électorale irakienne.

Selon la commission, le taux de participation a atteint 78,5% dans ces élections qui se sont déroulées dans un contexte tendu entre les Kurdes et le pouvoir central de Bagdad qui se disputent le contrôle de territoires riches en pétrole.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.