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Irak: Les Kurdes jugent "illégaux" les appels d'offres du gouvernement


Mardi 23 juin 2009 à 11h49

ERBIL (Irak), 23 juin 2009 (AFP) — Le gouvernement régional du Kurdistan irakien a jugé "anti-constitutionnel" les contrats que Bagdad entend attribuer à la fin du mois aux compagnies étrangères pour l'exploitation de six champs pétroliers et deux champs gaziers.

"Les appels d'offres lancés par le ministère irakien du Pétrole sont anti-constitutionnels et contre les intérêts économiques du peuple irakien", a affirmé mardi un communiqué de ce gouvernement.

Cette déclaration intervient le jour où en principe le ministre irakien du Pétrole Hussein Chahristani doit être auditionné par la commission parlementaire chargée du dossier.

"Le gouvernement régional a réalisé d'importants progrès en peu de temps dans l'exportation et l'accroissement des revenus du pétrole. Mais ces progrès ont été réalisés en se concentrant sur l'exploration et non sur l'exploitation des champs déjà en fonction, conformément aux meilleures pratiques du marché international et à la constitution irakienne", assure le communiqué.

"Il regrette de ne pas pouvoir en dire autant sur les procédures adoptées par le ministère fédéral du Pétrole d'Irak", ajouté le texte.

Les Kurdes se basent sur leur interprétation de l'article 109 de la Constitution qui "stipule que les gouvernement fédéral et les régions et gouvernorats producteurs doivent développer la richesse pétrolière et gazières pour le meilleur bénéfice de peuple irakien en utilisant les techniques les plus avancées du marché et en encourageant l'investissement".

Le Kurdistan irakien a commencé le 1er juin à exporter son pétrole dans un climat d'hostilité avec le gouvernement fédéral qui nie à sa province du nord le droit de signer des contrats sans son aval. Désormais avec l'entrée en exploitation de deux champs pétroliers, 90.000 barils seront acheminés quotidiennement vers l'oléoduc reliant Kirkouk au port turc de Ceyhan.

Bagdad refuse de reconnaître les contrats pétroliers conclus par le Kurdistan avec des sociétés étrangères et veut des contrats de service, rémunérant les compagnies pétrolières au baril extrait plutôt que par un partage des bénéfices tirés de l'exploitation des ressources.

"En dépit de sérieuses objections qui se sont élevées contre son plan, le ministre du Pétrole irakien a maintenu sa décision d'annoncer les résultats des appels d'offres et si cela arrive ce sera contre les intérêts de l'Irak", a ajouté le gouvernement autonome kurde.

A l'heure actuelle, 31 sociétés pétrolières ont été présélectionnées par l'Irak, dont la totalité des majors occidentales et de grosses compagnies d'Etat, pour exploiter six grands champs pétroliers et deux champs gaziers. Quatre compagnies se sont retirées de la compétition.

Selon le site www.iraqoilforum.com, sont en course: sept compagnies nord-américaines, 11 asiatiques, neuf européennes, deux australiennes et deux russes.

Huit contrats seront disponibles mais des compagnies pétrolières pourraient s'allier pour exploiter certains puits.

Le gouvernement irakien annoncera les 29 et 30 juin la publication de la liste des grandes compagnies pétrolières retenues.

L'attribution de ces contrats permettra d'augmenter la production de 1,5 million de baril/jour. L'Irak produit actuellement 2,4 millions de barils par jour et peine à augmenter sa production.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.