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Irak: les Kurdes en ordre dispersé aux élections législatives


Vendredi 13 novembre 2009 à 11h33

ERBIL (Irak), 13 nov 2009 (AFP) — Pour la première fois, les partis du Kurdistan irakien, en conflit territorial avec Bagdad, vont se présenter en ordre dispersé aux élections législatives de janvier, après l'apparition sur l'échiquier régional d'une nouvelle force d'opposition.

Jeudi, les deux parti qui ont régné en maîtres sur la politique du Kurdistan pendant trois décennies, ont annoncé la création d'une alliance avec 10 autres partis allant des islamistes aux communistes.

Mais le Parti démocratique du Kurdistan (PDK), dirigé par le président de la région Massoud Barzani, et l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), du président irakien Jalal Talabani, affronteront une liste dissidente, appelée Goran (Changement en Kurde) aux deuxièmes législatives de l'après Saddam Hussein.

Et deux autres listes seront également en lice: la Jamaa islamia, un mouvement salafiste, et l'Union islamique kurde, proche des Frères musulmans.

"Notre coalition comprend toutes les tendances, des socialistes aux islamistes", a affirmé Fadel Mirani, le secrétaire du bureau politique du PDK lors de l'annonce à Erbil de la consitutation de la "Liste de la coalition kurde".

"Nous souhaitions que toutes les forces politiques et tous les partis se rassemblent, nous les avons contactés mais certains ont refusé", a-t-il ajouté.

Affirmant "respecter le choix" de Nichirwan Moustapha, le dirigeant de Goran, il a toutefois critiqué sa décision, qui selon lui, affaiblit le Kurdistan, au moment où la région et Bagdad se disputent le contrôle de régions riches en pétrole comme la ville de Kirkouk.

"La période actuelle requiert que nous unissions nos rangs pour confronter les ennemis des Kurdes, particulièrement ceux qui souhaitent réduire notre poids à Bagdad", a lancé le responsable du PDK.

Et déjà, tous les coups sont permis entre les nouveaux adversaires politiques.

Pour le discréditer, plusieurs quotidiens locaux proches de l'UPK ou du PDK ont affirmé, en citant des sources anonymes, que M. Moustapha avait conclu une entente électorale informelle avec le Premier ministre Nouri al-Maliki, la bête noire du Massoud Barzani. Goran a fermement démenti.

Les réformateurs ont créé la surprise en se hissant à la deuxième place lors des élections de juillet au Parlement kurde, grâce à une campagne axée sur la lutte contre la corruption et contre l'hégémonie des deux partis historiques.

Ils espèrent rééditer l'exploit. "Nous avons rejeté l'appel des deux partis principaux à les rejoindre", a expliqué à l'AFP Adnane Othmane, un de ses dirigeants.

"Nous avons nos idées concernant l'avenir de la province, sur les relations avec Bagdad (...) Le vote doit se faire sur la base d'un programme électoral cohérent et non en faveur d'une coalition dont les composantes ont des visions différentes", a-t-il insisté.

Il n'a pas écarté une alliance post-électorale avec d'autres mouvements kurdes, espérant qu'un bon score lui permette de peser de tout son poids au Parlement national.

Pour l'analyste politique et ancien ministre de la Culture kurde, Sami Chourach, les intérêts de la région, autonome depuis 1991, risquent de pâtir de ces divisions.

"En général, la pluralité est une bonne chose pour la démocratie mais dans le contexte kurde, et irakien en général, elle présente des désavantages car le Kurdistan est dans une situation délicate avec Bagdad", a-t-il estimé.

Et de citer pêle-mêle la pomme de discorde que représente la ville de Kirkouk, la dispute entre Erbil, la capitale du Kurdistan, et Bagdad sur la signature de contrats pétroliers ou encore la présence controversée des combattants kurdes, les Pechmergas, dans les zones disputées.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.