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Irak: les forces gouvernementales veulent se redéployer dans tout le pays


Mercredi 18 octobre 2017 à 11h33

Bagdad, 18 oct 2017 (AFP) — L'armée irakienne entend se redéployer dans tout le pays, après avoir atteint ses objectifs dans la province de Kirkouk où elle a repris aux combattants du Kurdistan autonome des infrastructures pétrolières et des secteurs dont ils s'étaient emparés il y a trois ans.

Au vu de ces développements, c'est dans un climat de crise que se réunit le Parlement kurde à Erbil, où la question de la succession de Massoud Barzani à la tête de le région autonome du Kurdistan, devrait être posée.

"Il ne s'agit pas d'une opération militaire mais d'un redéploiement des forces dans toutes les régions afin d'y appliquer la loi. D'autres communiqués suivront", a affirmé mercredi à l'AFP le général Yehya Rassoul, porte-parole du Commandement conjoint des opérations (JOC).

Les forces irakiennes ont affirmé avoir atteint leurs objectifs dans la région de Kirkouk à l'issue d'une opération de 48 heures lancée dans des zones en dehors du Kurdistan autonome prises par les peshmergas (combattants kurdes) en 2014, lors du chaos né de l'offensive éclair des jihadistes du groupe Etat islamique (EI).

"Le rétablissement de la sécurité dans des secteurs de Kirkouk a été achevé, dont Debes, al-Moutaka et les champs pétroliers de Kahbaz, Bay Hassan nord et sud", a indiqué le JOC dans un communiqué.

"Les forces ont été redéployées et ont repris le contrôle de Khanaqine et Jalaoula dans la province de Dyala ainsi qu'à Makhmour, Baachiqa, le barrage de Mossoul, Sinjar et d'autres zones de la plaine de Ninive", ajoute le JOC.

Son porte-parole n'a pas précisé quels étaient les autres secteurs où les troupes irakiennes entendaient se redéployer.

Depuis l'invasion américaine de 2003, les peshmergas se sont emparés progressivement de 23.000 km2 sur les 37.000 km2 que constituent les zones que le Kurdistan autonome revendique au gouvernement central.

Cette large bande de plus de 1.000 km2 partant de la frontière syrienne jusqu'à celle avec l'Iran, passe par les provinces de Kirkouk, Ninive, Dyala, Salaheddine et celle d'Erbil qui fait partie du Kurdistan autonome.

Ainsi le district de Makhmour, qui faisait partie de la province de Ninive a été rattaché par les Kurdes à la province d'Erbil en 1991. L'EI s'en était emparé le 9 août 2014 et les peshmergas l'avaient repris deux jours plus tard.

"L'autorité du pouvoir central doit être rétablie partout en Irak, je dois être équitable avec tous les citoyens", affirmait mardi soir le Premier ministre Haider al-Abadi.

- Réunion du Parlement kurde -

Mais le coup le plus dur pour les Kurdes a été la perte des champs pétroliers de Kirkouk qui ruine leur espoir d'un État indépendant détaché de l'Irak.

Jusqu'ici, près des trois quarts de la production pétrolière de Kirkouk étaient exportés par le Kurdistan, contre l'avis de Bagdad.

Le ministre irakien du pétrole Jabbar al-Louaibi a demandé mercredi à la compagnie British Petroleum (BP) "de prendre au plus vite les mesures nécessaires pour développer les infrastructures pétrolières de Kirkouk".

Le ministère avait signé un contrat de consultant avec BP en 2013 pour étudier les réserves et trouver les moyens de développer le champ de Baba Gargar, le plus vieux d'Irak --dont l'exploitation remonte à 1927--, et celui de Havana.

La capacité du champ de Baba Gargar est de 50.000 barils par jour et celui de Havana de 50.000 à 60.000 b/j, selon un responsable de la compagnie publique irakienne, la North Oil Compny (NOC).

Pour le géographe français Cyril Roussel, "avec la perte de ces champs, le portefeuille kurde est divisé par deux".

"C'est la fin de l'autonomie économique du Kurdistan et du rêve d'indépendance", juge-t-il.

Les deux grands partis du Kurdistan irakien sont entrés en guerre ouverte après le succès des troupes irakiennes face aux peshmergas, plusieurs cadres de l'Union patriotique kurde (UPK) accusant notamment le président du Kurdistan de "vol".

"Pendant que nous étions occupés à protéger le peuple kurde, Massoud Barzani (qui dirige le Parti démocratique du Kurdistan - PDK), s'activait à voler le pétrole et à renforcer son influence", accuse Lahour Cheikh Zengi, chef du contre-terrorisme kurde dans la région de Souleimaniyeh, fief de l'UPK.

"Désormais, nous ne sacrifierons plus nos fils pour le trône de Massoud Barzani", ajoute-t-il dans un communiqué.

De son côté, M. Barzani a exprimé son dépit envers les dirigeants de l'UPK et accusé "certaines personnes appartenant à un parti politique (d'avoir) ouvert la voie à cette attaque qui a entraîné le retrait des peshmergas".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.