Mardi 9 novembre 2010 à 16h12
BAGDAD, 9 nov 2010 (AFP) — Les dirigeants politiques irakiens devaient se retrouver mardi soir au domicile du chef kurde Massoud Barzani à Bagdad, pour trouver un terrain d'entente sur une dizaine de dossiers épineux qui bloquent la formation du gouvernement depuis huit mois.
Après s'être rencontrés lundi à Erbil, au Kurdistan, ils se sont donné deux jours supplémentaires pour surmonter leurs divergences avant la réunion jeudi du Parlement, qui est censé choisir son président puis élire un chef de l'Etat, qui désignera ensuite un Premier ministre.
L'accord sur l'attribution de ces postes dépend avant tout de la résolution de questions qui empoisonnent la vie politique irakienne.
"Il s'agit notamment d'amendements à la Constitution, de réformes dans le fonctionnement du gouvernement, de garanties exigées par les Kurdes, de l'avenir de la commission Responsabilité et Justice (NDLR: chargée de traquer les baassistes) et des attributions du futur Conseil national pour la politique stratégique", a affirmé mardi Roz Nouri Chawis au quotidien As-Sabah.
A la demande de Massoud Barzani, dont il est proche, M. Chawis, vice-Premier ministre d'origine kurde, a initié ces dernières semaines des rencontres entre les différents courants politiques qui ont abouti à la réunion des chefs à Erbil.
Mais cet ordre du jour illustre surtout l'opposition entre le Premier ministre sortant Nouri al-Maliki, qui entend préserver toutes les attributions que lui accordent la Constitution, et son principal rival et prédécesseur à la tête du gouvernement, Iyad Allawi, qui l'accuse d'avoir accaparé le pouvoir et de l'exercer de façon personnelle.
"L'attribution des trois présidences (chef de l'Etat, président du Parlement et Premier ministre, NDLR) doit être discutée demain et après-demain (mardi et mercredi) et des choses importantes doivent être décidées", avait affirmé lundi M. Barzani aux journalistes.
La presse se montrait pessimiste mardi sur l'issue de ces discussions. Sous le titre "Réunion d'Erbil: un pas en avant, deux pas en arrière", le quotidien Ad Dustour (indépendant) constate que "les dirigeants politiques n'ont rien apporté de nouveau à ce que les Irakiens attendent ces derniers temps. Ils n'ont fait que répéter les mêmes problèmes sans avancer de solutions".
Même si la violence n'a pas atteint le niveau de 2006 et 2007, les attentats sont en pleine recrudescence dans le pays. Lundi, jour de la réunion d'Erbil, trois voitures piégées ont fait 28 morts et 90 blessés dans trois villes chiites.
Pour le quotidien al-Adala, organe du Conseil suprême islamique d'Irak (CSII, part chiite d'Ammar al-Hakim), les divergences entre les Irakiens favorisent les interventions étrangères.
"Certains espèrent que ces réunions démontreront que nous sommes capables de résoudre seuls nos problèmes, mais dans le cas contraire, les portes de l'enfer s'ouvriront sur l'Irak et chaque pays voudra interférer chez nous pour en tirer profit", avertit le journal.
M. Maliki est en position de force face à M. Allawi, car il dispose, grâce au ralliement de plusieurs groupes, du plus vaste soutien au Parlement, avec 148 élus. Il lui manque encore 15 sièges pour obtenir la majorité absolue des 325 sièges. Les différentes formations kurdes ont obtenu 57 sièges au total.
Or, selon le porte-parole du gouvernement, un accord a été conclu samedi entre l'Alliance Nationale, un regroupement de formations chiites auquel appartient M. Maliki, et l'Alliance kurde.
Théoriquement, chiites et kurdes peuvent donc former seuls un gouvernement, mais l'exclusion de la majorité sunnite, qui soutient l'alliance laïque de M. Allawi, risquerait de raviver les violences, cette communauté pouvant s'estimer lésée.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.