Samedi 20 mai 2006 à 17h23
BAGDAD, 20 mai 2006 (AFP) — Les députés chiites et kurdes ont marqué leur approbation après l'investiture samedi d'un gouvernement d'union nationale incomplet en Irak, mais les élus sunnites se sont montrés beaucoup plus réservés.
"Nous émettons des réserves sur le programme du Premier ministre, même si nous avons voté pour lui", a expliqué à l'issue de la session du Parlement le député du Front de la concorde, la principale coalition sunnite, Nourdine al-Ayali.
"En particulier, nous désapprouvons les lois concernant la lutte contre le terrorisme, qui ne font pas de séparation entre la résistance qui joue un rôle héroïque pour libérer l'Irak de l'occupation et la violence aveugle qui est rejetée par tous les Irakiens", a-t-il ajouté.
"En ce qui concerne les milices, il faut que le Premier ministre règle le problème en faisant travailler les miliciens dans des emplois civils, pas en les intégrant dans les forces de sécurité", a affirmé le député sunnite.
Dans son discours-programme en 34 points, le Premier ministre Nouri al-Maliki a mentionné en dernier lieu la dissolution des milices, considérées comme responsables de la montée des violences confessionnelles, sans s'étendre sur le sujet.
Pour montrer leur mécontentement après la présentation d'un gouvernement par M. Maliki, les 11 députés sunnites du Front pour le dialogue et 7 des 44 députés du Front de la concorde avaient quitté les lieux en refusant de voter l'investiture.
"J'ai quitté le Parlement pour dénoncer une procédure illégale, car le gouvernement n'est pas au complet, et injuste. Les sunnites vont se rendre compte que le processus en cours vise à les marginaliser", a jugé Salah Motlaq, le chef du Front pour le dialogue, à l'issue de la prestation de serment des ministres.
Pour sa part, le député sunnite indépendant Mithal al-Aloussi se montre plus optimiste.
"J'ai voté pour ce gouvernement, parce que je ne supporte plus de voir un océan de sang couler tous les jours dans le pays. Mais je vais travailler dans l'opposition, pour servir ceux qui m'ont élu", a-t-il expliqué.
Le ton des députés chiites et kurdes est nettement plus dithyrambique.
"C'est un grand jour pour le peuple irakien, l'investiture du gouvernement marque un nouveau succès, dans la continuité de la forte participation aux élections de décembre, malgré les menaces", a estimé le député de l'Alliance unifiée irakienne (AUI, bloc chiite conservateur), Rezah Jouad Taki.
"Nous avons aujourd'hui un gouvernement fort, honnête, qui représente l'ensemble du peuple irakien et qui est le fruit de trois mois d'âpres négociations entre les listes. Au final, tous les partis sont présents, et s'il y a des objections ici ou là, cela fait partie de la démocratie", a-t-il ajouté.
Le ministre des Affaires étrangères, le Kurde Hoshyar Zebari, reconduit à son poste juge également que la journée est historique.
"Il s'agit du premier gouvernement permanent et consensuel de l'Irak, approuvé par le Parlement et soutenu par le concert des nations", a-t-il assuré.
"Je demande au peuple irakien de lui apporter tout son soutien face aux importants enjeux qui nous attendent: améliorer la sécurité, améliorer les services, instaurer un état de loi", a-t-il conclu.
Dans son discours de politique devant les députés, le Premier ministre irakien a placé la lutte antiterroriste et le départ des troupes étrangères d'Irak au coeur de son programme en 34 points.
L'Irak doit "dénoncer le terrorisme" et établir "un calendrier afin que les forces de sécurité irakiennes puissent assumer pleinement les tâches de sécurité et pour mettre un terme aux missions de la Force multinationale afin que les troupes regagnent leur pays respectif".
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.