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Irak: les Américains doivent rester à Kirkouk après 2011 (chef de la police)


Lundi 10 août 2009 à 12h29

BASE AMERICAINE WARRIOR (Irak), 10 août 2009 (AFP) — Les forces américaines déployées dans la province disputée de Kirkouk doivent y rester au-delà de la date butoir fixée à fin 2011 pour le retrait américain d'Irak, a jugé dans une interview le général Jamal Taker Bakr, responsable de la police provinciale.

La présence américaine joue un rôle dissuasif crucial dans cette province riche en pétrole, lieu de tension entre différentes communautés, sur fond de contentieux territorial et politique entre le gouvernement central de Bagdad et la région autonome du Kurdistan, a expliqué dimanche à l'AFP le général Bakr, d'origine kurde.

"J'espère que les forces (américaines) resteront ici jusqu'à ce que les choses soient arrangées, jusqu'à ce que les problèmes de Kirkouk soient résolus", a-t-il déclaré sur la base américaine Warrior, à l'extérieur de la ville.

"Il est nécessaire que les forces demeurent en Irak jusqu'à cette date".

Interrogé sur la présence des Américains, pendant un ou deux ans au delà de la date fixée pour le retrait, le général Bakr a répondu: "Ce serait mieux".

Déployées en Irak depuis 2003, les forces américaines se sont retirées fin juin des villes et villages, en application de l'accord conclu en novembre, qui a fixé à la fin 2011 la date butoir pour leur désengagement total du pays.

L'état-major américain considère Kirkouk comme le principal foyer de tension en Irak, du fait des prétentions kurdes sur cette province qui jouxte les limites administratives du Kurdistan.

Ces derniers mois, des face-à-face tendus ont opposé les forces irakiennes aux peshmergas, les combattants kurdes présents dans la province depuis 2003.

Le général Bakr s'est cependant déclaré "optimiste" et affirmé que Bagdad et Erbil, siège du gouvernement kurde, arriveraient à s'entendre.

"Le gouvernement autonome kurde sait que son avenir est avec l'Irak et le gouvernement irakien sait qu'il a tout à gagner d'une bonne relation avec le gouvernement autonome", a-t-il dit.

Il a indiqué que les forces de police de Kirkouk étaient "à 70% prêtes" en vue du retrait.

Depuis qu'il a pris les commandes de la police provinciale en mai 2007, le général Bakr dit n'avoir jamais eu à demander l'aide des forces américaines ou kurdes pour le maintien de l'ordre.

"Seule la police assure la sécurité des villes", a-t-il dit, précisant que les forces kurdes jouaient un rôle limité.

"Si elles ont quoi que ce soit, elles nous donnent l'information et nous menons l'opération sur cette base. En 2006, les peshmergas avaient beaucoup de pouvoir et pouvaient procéder à des arrestations. Mais depuis que je suis arrivé, elles n'en ont plus le droit."

L'Irak compte une quinzaine de "territoires disputés" entre communautés rivales, selon l'ONU.

Début août, le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki et le président du Kurdistan Massoud Barzani se sont engagés, sous la pression des Etats-Unis, à régler leurs différends par le dialogue.

Les trois provinces kurdes représentent 40.000 km2 mais les forces kurdes, dans le sillage de l'invasion étrangère de 2003, ont étendu leur présence sur 75.000 km2 en prenant le contrôle d'une partie des provinces de Kirkouk, Ninive et Diyala.

Pour régler la question de Kirkouk, qui recèle les deuxièmes plus grandes réserves pétrolières après le Sud, la constitution irakienne prévoit un référendum.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.