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Irak: le vice-Premier ministre Barham Saleh craint un conflit arabo-kurde


Mercredi 30 decembre 2009 à 08h52

BAGDAD, 30 déc 2008 (AFP) — Le vice-Premier ministre irakien Barham Saleh met en garde, dans un entretien avec l'AFP, contre les "tentatives malveillantes et dangereuses" de transformer les problèmes économiques et politiques de l'Irak en un conflit entre Bagdad et le Kurdistan irakien.

M. Saleh a également critiqué les faibles progrès accomplis dans l'augmentation des exportations pétrolières malgré les huit milliards de dollars injectés dans le secteur au cours des trois dernières années.

"Il y a des tentatives malveillantes et dangereuses de transformer les problèmes économiques et politiques à Bagdad sur un certain nombre de sujets en un conflit arabo-kurde", a déclaré le vice-Premier ministre.

"Il y a des oppositions au sein du gouvernement sur la manière de gérer différents sujets politiques et économiques, comme le problème de Kirkouk, les zones disputées, et aussi la loi sur le pétrole et le gaz", a ajouté ce membre du groupe politique de l'Alliance kurde.

Les trois provinces kurdes irakiennes (Erbil, Dohouk et Souleimaniyah) ainsi que celle de Kirkouk ne prendront pas part aux élections provinciales qui se tiendront dans les 14 autres provinces du pays le 31 janvier.

Riche en pétrole, la province de Kirkouk, qui compte 900.000 habitants, a une population ethniquement mélangée (Arabes, Kurdes et Turcomans), mais les Kurdes ont demandé qu'elle soit rattachée à leur région autonome, dans le nord du pays, ce que refuse Bagdad.

Par ailleurs, le vote d'une loi sur le pétrole a été reportée par le Parlement à plusieurs reprises du fait d'oppositions farouches entre factions chiites, sunnites et kurdes sur le partage des revenus issus du pétrole.

"Nous avons investi huit milliards de dollars dans le secteur pétrolier au cours des trois dernières années, et les exportations de pétrole se situent toujours autour de 1,8 million de barils par jour, au lieu de 3 millions", a déploré M. Saleh.

Avant l'invasion américaine de mars 2003, les exportations s'élevaient à près de 3 millions de barils par jour. Et dans les années 1980, l'Irak, membre fondateur de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), exportait 3,4 millions de barils par jour.

Barham Saleh n'a pas donné son sentiment sur ce qu'il était advenu de l'argent investi dans le pétrole, mais l'Irak se retrouve systématiquement dans le trio de tête du classement des enquêtes internationales sur la corruption.

L'Irak a des réserves estimées à 115 milliards de barils, les troisièmes au monde après l'Arabie Saoudite et l'Iran.

Mais, à cause d'installations vétustes et d'un manque d'investissements, le pays ne produit que 2,18 millions de barils par jour, dont 1,6 million sont exportés, selon des chiffres de l'Opep.

Le ministre irakien du Pétrole Husseïn Chahristani a lancé un plan visant à tripler les exportations de pétrole, à 6 millions de barils par jour, d'ici 2018.

Les Irakiens sont optimistes sur leur capacité à attirer des investisseurs étrangers dans leur industrie pétrolière, grâce à une relative amélioration de la sécurité dans ce pays ravagé par cinq années de guerre.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.