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Irak: le Premier ministre du Kurdistan critique la gestion de la région


Mardi 19 avril 2011 à 18h09

SOULEIMANIYEH (Irak), 19 avr 2011 (AFP) — Le Premier ministre du Kurdistan irakien Barham Saleh a présenté sa démission de la direction de sa formation après s'être livré à une attaque sans précédent contre la gestion de la région autonome par les deux partis traditionnels.

Par ailleurs mardi, sept personnes ont été blessées lors d'une nouvelle manifestation dans cette région du nord de l'Irak, a-t-on appris de source médicale.

"Afin de la renouveler, je suis prêt à démissionner de l'actuelle direction de l'Union Patriotique du Kurdistan (UPK) qui est incapable de faire face à la situation", écrit M. Saleh dans une lettre envoyée au président de cette formation, l'actuel chef de l'Etat irakien Jalal Talabani, dont l'AFP a obtenu copie.

"Il y a des pratiques mafieuses contre la liberté de la presse dans la région et l'UPK et le Parti démocratique du Kurdistan (PDK de Massoud Barzani) doivent changer complètement le gouvernement et mettre sur pied un cabinet de technocrates", ajoute-t-il.

Les autorités du Kurdistan irakien ont interdit les manifestations et menacé de poursuites les personnes qui en organiseraient sans autorisation à Souleimaniyeh, seconde ville du Kurdistan, où des rassemblements ont lieu depuis février contre les deux partis traditionnels.

Les protestataires réclament la démission du gouvernement régional, la lutte contre la corruption et des poursuites judiciaires contre les responsables de la mort de trois jeunes manifestants tués en février dans des accrochages avec les forces de sécurité et des gardes du Parti démocratique du Kurdistan (PDK), l'un des deux grands partis traditionnels du Kurdistan.

Cependant mardi, des jeunes ont défié l'interdiction et sept manifestants ont été blessés, dont un par balle, selon Ricot Hama Rachid, directeur de l'hôpital public.

Il avait auparavant affirmé que lors des affrontements de dimanche et lundi entre manifestants et forces de sécurité, 95 personnes avaient été blessées, dont 16 par balles, et parmi elles un policier.

Les parents d'étudiants arrêtés à Souleimaniyeh ont également manifesté pour avoir des nouvelles de leurs enfants mais les forces de sécurité kurdes les ont dispersés en tirant en l'air et en les frappant avec des bâtons, a constaté un journaliste de l'AFP.

Reporters sans frontières a par ailleurs condamné mardi dans un communiqué "la multiplication des agressions physiques et des arrestations de journalistes couvrant les manifestations à Kalar, Souleimaniyeh et Erbil au cours de ces derniers jours".

"Le fait de tirer à balles réelles, à l'aveugle, sur les manifestants et les journalistes, est inacceptable. En outre, les professionnels de l'information sont systématiquement traqués par les forces de sécurité et parfois traduits en justice puis condamnés. Nous appelons les autorités de la province à garantir leur protection et leur droit à travailler librement", ajoute cette organisation de défense des journalistes.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.