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Irak: le parti de Barzani demande la fermeture d'un journal pour diffamation


Mercredi 18 mai 2011 à 14h35

ERBIL (Irak), 18 mai 2011 (AFP) — Un des partis au pouvoir dans la région autonome irakienne du Kurdistan demande à la justice de prononcer la fermeture pure et simple d'un magazine qui l'a accusé de projeter l'assassinat de trois chefs de l'opposition locale, a-t-il indiqué mercredi à l'AFP.

Le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) de Massoud Barzani, président de cette région du nord de l'Irak, a porté plainte mardi pour diffamation contre le magazine Lvin ("mouvement" en kurde), à la suite d'un article du 1er mai, a précisé Jaafar Ibrahim, porte-parole du PDK.

Dans son numéro 160, Lvin accusait le PDK et l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), le second grand parti de la région, de vouloir assassiner le chef du mouvement Goran, Nicherwan Moustafa, le secrétaire général de l'Union islamique du Kurdistan, Salaheddine Bahaddine, et le chef du groupe islamique, Ali Babir.

"Nous avons porté plainte pour diffamation contre le magazine Lvin et nous avons demandé sa fermeture et des dédommagements au titre du préjudice moral", a déclaré M. Ibrahim. "Il n'est pas raisonnable d'atteindre ce niveau d'attaques."

Chef de l'UPK, le président irakien Jalal Talabani a également porté plainte contre Lvin suite à l'article, sans toutefois demander la fermeture du titre, a indiqué à l'AFP Saadi Bira, membre du bureau politique de l'UPK.

Contacté par téléphone par l'AFP, le rédacteur en chef de Lvin, Ahmed Mera, s'est élevé contre ces poursuites qu'il a jugées illégales.

"Il s'agit d'un complot politique contre la presse libre et notre magazine en particulier", a-t-il dit, précisant que son magazine avait par le passé été la cible de plus d'une vingtaine de poursuites.

Il a affirmé que le PDK réclamait en outre un milliard de dinars (858.000 dollars) de dédommagements, ce que M. Ibrahim a démenti, affirmant laisser "à la justice le soin de fixer cette somme".

Dans un communiqué, l'organisation de défense de la liberté de la presse Reporters sans frontières (RSF) a vu mercredi dans cette plainte "un danger réel pour la survie du journal".

Elle témoigne, poursuit RSF, d'une "campagne de répression lancée par les autorités contre les journalistes et les médias qui couvrent le mouvement de protestation populaire qui agite la région (...) depuis la mi-février", en référence aux manifestations contre la corruption et l'hégémonie de l'UPK et du PDK sur les affaires de la région.

De nombreux médias du Kurdistan affirment de longue date être victimes d'intimidations récurrentes des autorités de la région autonome.

RSF s'était alarmée mi-décembre de l'inflation du nombre de poursuites judiciaires contre les médias kurdes. Mais en janvier, un haut dirigeant du PDK, Najirvan Barzani, avait annoncé "dans un geste de bonne volonté "la levée de toutes les plaintes (...) contre les journaux et les écrivains", appelant les journalistes à faire preuve d'un "plus grand esprit de responsabilité".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.