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Irak: le ministre du Pétrole accuse les Kurdes de bloquer la nouvelle loi


Vendredi 19 septembre 2008 à 15h42

BAGDAD, 19 sept 2008 (AFP) — Les contrats pétroliers signés par les leaders kurdes continuent d'empêcher l'adoption de la nouvelle loi irakienne sur le pétrole, qui reste donc régi par un texte voté sous Saddam Hussein, regrette dans un entretien à l'AFP le ministre du Pétrole, Hussein Chahristani.

Le gouvernement de la région autonome du Kurdistan (KRG) "a même signé des contrats de partage de production", considérés comme très avantageux pour les compagnies étrangères, souligne le ministre, un ancien physicien. "Cela a suscité des inquiétudes au sein du Parlement."

Du coup, la majorité des 275 députés du Parlement hésite à voter le projet de nouvelle loi sur le pétrole, souligne-t-il.

Certains veulent que le texte soit modifié pour "interdire les contrats de partage de production", dit-il.

"D'autres se demandent quelle peut bien être l'utilité" d'une nouvelle loi si le KRG signe des contrats avant même son adoption. "Ils se demandent donc s'il ne faut pas simplement continuer avec l'ancienne loi".

Le débat est surtout politique, le projet de nouvelle loi n'étant guère différent de l'ancienne, assez généreuse avec les compagnies étrangères, auxquelles elle permet de signer des contrats de partage de production.

Mais son adoption est considérée par les Etats-Unis comme un élément clé de l'unification du nouvel Irak qu'ils ont modelé depuis leur arrivée en 2003, mais qui reste secoué par les violences.

Dès le départ, les discussions sur le texte ont été perturbées par l'interminable dispute entre les communautés irakiennes (chiite, sunnite, kurde) sur le partage des revenus du pétrole entre les 18 provinces.

Et les débats se sont envenimés après que le KRG ait signé des contrats avec l'étranger pour doper la production de pétrole dans le nord, kurde, qui avec le sud chiite concentre la grande majorité des réserves de pétrole irakienne, les 3e plus importantes au monde (115 mds de barils estimés).

Opposé aux contrats signés par le KRG, le ministre chiite Chahristani estime que la loi ne sera pas adoptée à court terme.

"Si le KRG ne les annule pas et ne s'engage pas clairement à respecter la loi, les parlementaires ne la voteront pas", dit-il, et il faudra donc continuer à utiliser l'ancienne loi pour développer la production, comme le fait actuellement le gouvernement.

Ce dernier a récemment signé deux contrats avec des compagnies étrangères, la société publique chinoise China National Petroleum (CNPC) et Shell.

Le premier, qui porte sur l'exploration du champ pétrolier d'al-Adhab, à 180 km au sud-est de Bagdad, a ressuscité un contrat signé en 1997 entre la Chine et le gouvernement de Saddam Hussein, à la différence que la CNPC est désormais fournisseur de service, et non plus partenaire des Irakiens en coentreprise.

Le second va donner naissance à une coentreprise détenue à 51% par la société publique irakienne Southern Oil Company, et à 49% par Shell, pour la récupération de gaz dans la région de Bassorah (sud).

Ces deux accords ne violent pas les règles de la future loi, selon M. Chahristani, qui dit vouloir la "respecter même si elle n'est pas votée".

Le ministre souligne que son ministère a commencé à travailler sur un ambitieux plan de développement de l'industrie pétrolière dans les trois ou quatre ans à venir en utilisant l'ancienne loi, pour exploiter les 80 gisements de gaz et pétrole (dont 27 opérationnels) déjà découverts.

"L'idée est de les proposer progressivement par appels d'offres internationaux", tout comme 65 blocs d'exploration, selon lui.

"Nous avons décidé de développer notre production pétrolière aussi vite que possible en coopérant avec les compagnies étrangères", souligne-t-il. "Et nous parlons en milliards de dollars".

L'Irak prévoit également de doper ses capacités de raffinage, en construisant de nouvelles raffineries dans les provinces de Nassiriyah, Kerbala, Kirkouk et Misan, ou en ajoutant des unités aux existantes, a-t-il ajouté.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.