
Mercredi 16 juin 2010 à 15h28
ERBIL (Irak), 16 juin 2010 (AFP) — L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch a appelé mercredi les autorités du Kurdistan irakien à agir d'urgence pour empêcher la pratique de l'excision, que subissent "un nombre important de filles et de femmes" dans la région autonome.
"Le gouvernement régional du Kurdistan doit prendre des mesures immédiates pour mettre un terme aux mutilations génitales féminines (MGF) et développer un plan pour leur éradication, notamment une loi pour interdire cette pratique", estime l'ONG dans un rapport présenté à Erbil, capitale de la région autonome.
Nadya Khalife, chercheuse sur les droits des femmes à HRW, a indiqué à l'AFP avoir rencontré en 2009 dans quatre villages du Kurdistan et dans la ville de Halabja plusieurs dizaines de filles et de jeunes femmes qui lui ont livré leurs douloureux témoignages, compilés dans ce rapport de 73 pages.
Parmi elles, Gola, une étudiante de 17 ans originaire du village de Plangan, raconte comment sa mère et la belle-soeur de cette dernière l'ont un jour emmenée dans un village voisin où d'autres filles devaient aussi être excisées.
"Ils nous ont mises dans la salle de bain, nous ont maintenu les jambes écartées et ont coupé quelque chose", raconte la jeune femme dans le rapport. "Ils l'ont fait une par une sans anesthésie. J'avais peur mais j'ai enduré la douleur", poursuit-elle.
"Je souffre beaucoup dans cette zone spécifique quand j'ai mes règles", explique-t-elle.
L'ONG basée à New York note que la prévalence des MGF au Kurdistan n'est "pas entièrement connue" car le gouvernement autonome n'a pas l'habitude de faire des recherches sur la question.
Mais l'organisation estime que cette pratique, qui "n'a aucun but médical" mais "peut entraîner de graves séquelles physiques et émotionnelles", est "répandue".
"Les MGF violent les droits des femmes et des enfants, notamment leur droit à la vie, à la santé et à l'intégrité corporelle", explique Mme Khalife.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.