Jeudi 24 juillet 2014 à 20h08
Bagdad, 24 juil 2014 (AFP) — Le Kurde Fouad Massoum a été élu jeudi président d'Irak lors d'une séance du Parlement plusieurs fois reportée en raison des tensions politiques dans un pays qui s'enfonce dans le chaos et où les violences ont encore fait plus de 70 morts.
La première tâche de M. Massoum sera de choisir un Premier ministre qui devra tenter de sortir le pays d'une situation qui ne cesse de s'aggraver en raison notamment d'une offensive fulgurante d'insurgés sunnites menés par les jihadistes de l'Etat islamique (EI) qui contrôlent depuis juin des pans entiers du territoire.
M. Massoum a remporté 211 voix contre 17 pour son rival au second tour, Hussein al-Moussawi. Selon une règle non écrite, le poste de président de la République, principalement protocolaire, est occupé par un Kurde, tandis que le président du Parlement est un sunnite et le Premier ministre un chiite.
M. Massoum, un septuagénaire vétéran de la politique irakienne succède à Jalal Talabani, 80 ans, rentré en Irak la semaine dernière après 18 mois d'hospitalisation en Allemagne.
Il choisira un Premier ministre au sein du bloc de l'actuel chef du gouvernement Nouri Maliki, arrivé largement en tête lors des législatives d'avril mais sans majorité claire.
M. Maliki, au pouvoir depuis 2006, vise un troisième mandat mais il est vivement critiqué, accusé notamment d'avoir monopolisé le pouvoir et de corruption au sein de son administration.
Dans ce contexte, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon s'est rendu jeudi à Bagdad pour appeler à un gouvernement d'union: "L'Irak est face à une menace existentielle mais elle peut être surmontée avec la formation d'un véritable gouvernement d'union".
"Il faut que cela soit un gouvernement dans lequel tous les Irakiens se sentent représentés", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse avec M. Maliki.
Après Bagdad, M. Ban a rencontre dans la ville sainte de Najaf le grand ayatollah Ali Al-Sistani, plus haute autorité religieuse chiite du pays. Le secrétaire général de l'ONU était également attendu à Erbil, la capitale de la région autonome du Kurdistan irakien.
Les Etats-Unis ont elles aussi appelé à former un "gouvernement solidaire" pour combattre les insurgés sunnites et félicité le nouveau président.
Les appels se sont multipliés à l'étranger mais aussi en Irak pour la mise en place d'un nouveau gouvernement afin de présenter un front uni face aux avancées l'EI.
- Mutilations génitales -
Ce groupe, déjà accusé de nombreuses exactions dont des lapidations et décapitations, a ordonné que toutes les femmes âgées de 11 à 46 ans soient excisées, une pratique qui n'est pas courante en Irak, a déclaré la numéro 2 de l'ONU dans le pays, Mme Jacqueline Badcock, lors d'une vidéoconférence organisée à Genève.
Sur le terrain, au moins 60 personnes, en majorité des prisonniers, ont été tuées au nord de Bagdad lors d'un assaut mené par des insurgés contre un convoi escortant des détenus, selon un responsable du ministère de l'Intérieur faisant état d'une "attaque suicide suivie d'explosions et d'échanges de feu".
L'attaque a visé un convoi de sécurité escortant un bus qui transférait une soixantaine de prisonniers, dont beaucoup étaient détenus pour des affaires de terrorisme, depuis la prison principale de Taji, à 25 km au nord de Bagdad.
Cependant, le déroulement des faits n'était pas clair, et il n'était pas possible de déterminer dans l'immédiat qui avait tué les prisonniers, dont 54 prisonniers figuraient parmi les 60 victimes selon des sources médicales.
A Bagdad, deux attentats suicide à la voiture piégée ont fait 13 morts dans dans le quartier commercial de Karrada (centre), dans la soirée peu après la rupture du jeûne de ramadan, selon des sources médicales et de sécurité.
Pour faire face aux violences généralisées et à la progression des jihadistes qui a déjà fait 600.000 déplacés, Bagdad a demandé l'aide de l'étranger.
Ainsi, le ministre de la Défense Saadoun al-Doulaimi se trouvait à Moscou pour évoquer la coopération militaire. Dans le même temps, le général américain Lloyd Austin était à Bagdad.
La Russie a commencé la livraison d'hélicoptères de combat et d'avions de chasse à l'Irak, selon l'agence russe Interfax.
La progression des jihadistes a eu aussi des répercussions sur l'économie. L'Irak a exporté 2,4 millions de barils de pétrole par jour en juin, a annoncé le ministère du Pétrole, qui avait misé sur 3,4 millions bpj pour cette période.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.