Mardi 23 novembre 2021 à 15h14
Souleimaniyeh (Irak), 23 nov 2021 (AFP) — Les forces de l'ordre au Kurdistan irakien ont tiré en l'air mardi et utilisé du gaz lacrymogène pour disperser plusieurs milliers d'étudiants qui manifestaient à Souleimaniyeh pour réclamer des aides financières suspendues depuis 2014, a constaté un correspondant de l'AFP.
Ces troubles illustrent les difficultés économiques touchant le Kurdistan d'Irak, malgré sa manne pétrolière et la volonté de s'afficher comme un havre de stabilité et de prospérité dans un pays miné par les guerres. La région autonome est déjà embarrassée par les milliers de migrants, bien souvent des Kurdes d'Irak, massés à la frontière entre le Bélarus et la Pologne.
Pour le troisième jour consécutif, des milliers d'étudiants se sont rassemblés mardi devant leur université à Souleimaniyeh, bloquant une autoroute reliant cette ville à Kirkouk, dans le nord de l'Irak.
Ils réclament le rétablissement d'une bourse mensuelle versée aux étudiants dans la région autonome du Kurdistan (entre 40 dollars et 66 dollars), mais suspendue depuis 2014 après l'effondrement mondial des prix du pétrole et des divergences sur le budget entre le Kurdistan et le gouvernement fédéral de Bagdad.
Les forces de l'ordre ont tiré plusieurs volées de gaz lacrymogène contre la foule, avant d'effectuer des tirs de sommation pour obliger les étudiants à se disperser, a précisé le correspondant de l'AFP. Elles ont ensuite poursuivi les étudiants qui se sont éparpillés à travers la ville et ont incendié des bennes à ordure.
"Les étudiants manifestent car nos allocations sont coupées depuis six ans, nous avons désespéramment besoin de cette petite somme", plaide l'un d'eux qui s'exprime en kurde, sans donner son nom.
"Il y a des étudiants parmi nous qui ne peuvent pas rentrer chez eux dans les provinces car ils n'ont pas la somme nécessaire pour voyager, d'autres n'ont pas assez pour manger trois repas par jour", ajoute-t-il.
Interrogée par l'AFP, une source au ministère de l'Education supérieure du Kurdistan irakien a rejeté la responsabilité sur le ministère des Finances, précisant qu'il faudrait environ 70 milliards de dinars (soit 46 millions de dollars) par an pour rétablir cette aide aux 135.000 étudiants de la région.
La présidente du Parlement régional du Kurdistan, Rewaz Faiq, a convoqué à la prochaine séance parlementaire les ministres des Finances et de l'Education supérieur de la région autonome pour les entendre.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.