Jeudi 16 septembre 2010 à 10h45
ERBIL (Irak), 16 sept 2010 (AFP) — La famille d'un journaliste assassiné au Kurdistan a condamné jeudi les premières conclusions d'une enquête ordonnée par le gouvernement de cette région autonome du nord de l'Irak, qui a affirmé que le reporter avait été tué par un groupe islamiste auquel il était lié.
Auteur d'articles très critiques contre les dirigeants kurdes et la corruption, Sardasht Osman, 22 ans, avait été enlevé le 4 mai à Erbil, et retrouvé 24 heures plus tard avec une balle dans la tête.
Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), basé à New York, s'est dit mercredi consterné par l'enquête officielle du Kurdistan qu'il a jugée "déficiente" et manquant de crédibilité.
La commission d'enquête mise en place par le président du Kurdistan, Massoud Barzani, a affirmé mercredi que M. Osman était "lié" à Ansar al-Islam, et qu'il avait été tué par des membres de ce groupe islamiste "parce qu'il leur avait promis de travailler avec eux avant de se rétracter".
"Non seulement nous rejetons les résultats de l'enquête, mais nous condamnons aussi cette action et nous exprimons notre colère face à ces tentatives qui visent à le faire passer pour un terroriste coopérant avec Ansar al-Islam", a déclaré Baker Osman, le frère de Sardasht, dans un communiqué publié à Erbil au nom de sa famille.
"Quiconque connaît Sardasht, ou lit ses articles, sait qu'il était un laïc, très éloigné de l'idéologie terroriste", a ajouté M. Osman, qui vit en Suède.
La famille a par ailleurs demandé le lancement d'une enquête indépendante sur cet assassinat, contestant la légitimité de la commission mise en place par le Kurdistan.
Etudiant en littérature anglaise à Erbil, la capitale kurde, Sardasht Osman travaillait pour le magazine kurde Ashtiname (Lettre pour la paix) et plusieurs publications sur internet, avait indiqué l'organisation Reporters sans frontières dans un communiqué publié le 6 mai.
Selon le site d'informations sbeiy.com, pour lequel il travaillait, Sardasht Osman aurait été assassiné pour avoir écrit un article dans Ashtiname sur un membre haut placé du gouvernement du Kurdistan irakien, avait rapporté RSF.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.